
 
        
         
		baflàdeurs  Calmoücks  N i d u b e r o u z e k s c h ÿ .   Cette  Idole'  
 eft du premier ordre ; on  la regarde  eomme  le  confervateur  &   le   
 Dieu tutélaire des Enfants. Ces Peuples croient quelle a mille yeux;  
 &  mille  bras, 
 N a h g i l m a   (i).  Je n ai eu aucun détail fur  cette Divinité i  
 elle me paroît être la même que Tarni-Negonizan-Bourchan  où’  
 le Manippe du Tibet. 
 l’original.  Elle  a  trois  têtes  ,  dottZ'ebras te  trois  enfants.  Les  trois  tètes ,  dnfi  quef  
 celles  des  enfants ,  ont  un  oeuil  au  milieu  du  fiont.  Elle  tient  avec  fes  quarte  pre-'  
 miers bras rendus, deux elpeces  de  glaives flamboyants,  deux ornements  en-forme  do  
 cadrans, & différents fruits dans les autres.  Elle prefîe contre fon fein, avec deux  autres  
 feras,  les  trois  enfants,  Si  tient  des- foudres avec  les  deux  dernières  mains.  Elle  n’a’  
 pour tour  vêtement qu un j uppon qui lui couvre les cuiflès. Ses  bras & fes poignets font  
 ornés  de  braifelets. 
 Cette Divinité a beaucoup de rapport  avec  le Manippe à trois têtes du Tibet. Grueber  
 lui  en donne neuf(*J ;  mais  ce  que  j’ai  rapporté de Tarni-Negonizan-Bourchan  paroît1-  
 rapprocher ces  deux-Auteurs,  parce que ces Peuples attribuant  à cette  Idole mille  yeux  
 &  mille mains, il  eft vrai-femblable que  fuivant les  circonftances ils  repréfentent' cette'  
 Idole  avec  plus  ou moins de  têtes 8c  de  bras-;  & peut-être  lui  donnent-ils différents  
 noms par  les mêmes  raifons. 
 On  trouve dans  la même Planche ( N°. XXIII. )  une Idole dont je  n’ai pas  trouvé le  
 nom  dans mes  Journaux. Elle me paroît  avoir quelque-rapport avec la Déelfe Boutfai  
 {page 3n . ) 
 (i) N a n g i i m a .  ( N». XX-IVi  ) 
 Cette Idole eff repréfentée dans u&Tableau femblable à ceux dont j’ai parlé ( page ; 04-SÏ  
 füivantes).  Elle a  trois têtes  &  fix bras. La tcte1 du milieu eft peinte  en-blanc,  ainfi que  
 tout le corps. Celle qui êft i  droite de l’Idole eft en bleu, & celle de la gauche eft en rouge.  
 Ses mammelles ,  fa phyfionomie & la délic-ateflë de fes membresconftarent que c’eft une  
 femme.  Les  trois  têtes  ont  un  oeuil  très  diftimft  au  milieu  du front.  Elle  tient d’une  
 main un  para-fol  de  forme  Chinoife p &  l’autre pliée  fur  le  fein  femble  indiquer  la  
 réflexion.  Elle  tient  des  autres  bras  tendus  un  arc  &  une  fleche  ,  un  fab're & une  
 efpece  de  fceptre.  Ses bras  &  fes  poignets  font  garnis  de  braifelets  ,  aittfi que  Tarni-  
 Negonizan ;  mais  fa  phyfionomie  a  plus de  rapport  aux Calmoucks ,   que  cette  der-  
 niere.  Les  quatre Divinités  qu’elle a autour d’elle,  font  les mêmes que celles donc o»  
 a  déjà  parlé. 
 {*) Tome VU.  de l’Hiftoire générale  des  Yeyages, de M. l’Abbé Prévôt, page t i r . 
 d é p a r t 
 D E   T O B O L S K   P O U R   S A IN T .  PJÉTERSBOURG  ±  
 L e   28  A o û t  1 7 6 1 . 
 I - j   e s  arrangements faits  a Paris  pour mon  voyage ,  ejcigeoient  
 que je reftafle peu de temps a Tobolsk, après  mon  obfervation de  
 Venus ; aulll je m occupois de mon  départ à la  fin d’Août,  lorique  
 je fus attaque d un  vomilfement de fang prefque  continuel,  fuivi  
 d un  accablement  qui  me  permettoit à peine  de  marcher.  J’étois  
 oblige de me faire foucenir pour  aller  à  mon  Obfervatoire.  Cette  
 incommodité bata mon départ d’un Pays ou l’on ne connoît que des  
 £tuves pour  tout  remede.  Jçtois  d’autant  moins  tenté  d’en  faire  
 nfage ,  que j avois failli d y   être étouffe à  Solikamskaja (1), J’avois  
 a la vente une Apothicairerie des mieux fournies, avec un mémoire  
 très  détaillé  de la vertu des remedes qu’elle contenoit  ;  mais  ayant  
 ou le malheur d empoifonner un Ruffe que je  voulois guérir  d’une  
 legere incommodité, j’avois renoncé à la Médecine  : heureufement  
 la dofe n avoit pas  été allez forte pour lui donner la mort. 
 Différentes cirçonftançes  rendoient cependant mon  départ difficile  
 ;  mon  Domeftique  étoit  dangereufement  malade  ,  pour  
 avoir etetrop  galant a Tobolsk ;  fon  incommodité le mettoit hors  
 d état de me prêter aucun fecours  ;  d’ailleurs il  étoit  frappé  ,  ainfî  
 que 1 Horloger, que nous  ferions  aflaffmçs dans notre voyage  par  
 des Brigands, qui,  fuivant le  bruit public  ,  ne  cefloient  de commettre  
 des meurtres  fur  la  route d’Ekaterinbourg, que  je  voulois  
 prendre. 
 ( 1 )   Pa g e ji, 
 R r   ij