placés les uns fur les autres contre le mur de la Nef. A Tobolsk ,
quatre rangées de ces Tableaux font tout l’ornement de la Cathédrale.
Le Choeur eft placé dans le milieu, ainiï que dans la plupart
de nos Eglifes, avec cette différence cependant, qu’on ne peut voir
les cérémonies dans l’intérieur du Choeur. C ’eft un endroit facré,
où les feuls Prêtres peuvent entrer : l'a porte eft prefque toujours
fermée 3 on ne l’ouvre que pendant quelques inftants, pour donnerla
Bénédiction, ou faire quelqu’autre aétion d’éclat , & dans les
grandes Cérémonies qui fe font hors du Choeur.
Dans ces circonftances, l’Archevêque eft précédé par fon Clergé
, dont les habillements font très majeftueux rieur barbe & leurs
cheveux épars, à la malpropreté près, leur donnent un air très ref-
peétable. Ils forment, dans le plus grand filence & le plus grand
ordre, un demi cercle aux deux côtés de la porte', & paroilfent
pénétrés-de la Cérémonie qui les occupe. L ’Archevêque parait enfin
au milieu de fon Clergé, la Mître fur la tête, & h. Croffe à la main.
Quelquefois il n’a ni l’une nf l’autre 3 mais il tient a chaque main
un Chandelier à trois branches garni de Cierges , ou de Reliques
: il donne la Bénédiction avec ces Reliques ou avec les Chandeliers.
Cette conduite de l’Eglife Grecque infpire tant de vénération
au Peuple , que s’il fe paffe quelque déiordre dans l’Eglife, ainiî
que dans la plupart des Eglifes Latines, il ceffe auffi-tôt qu’on ouvre
les portes. Le Peuple attend dans un profond refpeCt çe fpedacle,
dont il jouit rarement.
Les Habillements de Cérémonie font très nobles : ils font â la
vérité embarrafïànts 5 la Chape, au-lieu d’être ouverte par devant ,
ainfi que dans l’Eglife Latine, n’a qu’une feule ouverture où Ion paffe
la tête , & on retrouilè fur les bras tout le devant de ce vêtement.
Les Abbés ont des Mitres femblables à celles des Evêques 3 mais
elles font très différentes de celles de nos Prélats. On ne peut s’en
former une idée plus jufte qu’en les comparant â une ruche à miel ï
elles font couvertes d’ornements & de pierreries communément
fauflès.
M, le Prince ayant publié les Habillements dé l’Êglife Grecque
j’ai cru inutile de les faire graver de nouveau 3 & comme un coup
d’oeuil fur ces gravures donnera une idée plus jufte de ces différents
Habillements, que toutes les defcriptions que j’en pourrais
faire , ceux qui feront curieux de les connoitre pourront y avoir
recours.
Le culte de la Religion eft prefque toujours préfenté en action,
dans les Cérémonies de l’Eglife Grecque qui fe font en public. Ces
repréfentations font la plus grande impreffion fur le Peuple : mais
deviennent ridicules lorfqu’elles font mal rendues.
J’ai été témoin de la Cérémonie de la Cène. S. Pierre étoit repré-
fenté par un gros Moine, bien nourri & dé bonne mine, mai» apparemment
peu au fait de ces exercices, 11 avoit l’ait gauche & im-
bécille, L ’Archevêque avoit au contraire un air aifé & une vivacité
qui caraèlérifoit parfaitement fon enthoufiafme. Après avoir lavé
les pieds à Onze Moines, il s’adreffa à S, Pierre : il s’éleva alors une
grande difpute , qu’on n’entendoit pas, parce que ce Prélat avoit à
une de fes manches un quarré d’étoffe, entouré de clochettes qui
faifoient un bruit confidérable : mais on reconnoifloit aifément à
l’air trifte & embarraffé du Moine qui repréfentoit S. Pierre, qu’il
n’aimoit pas les difputes. Quelques éclats de-rire des affiliants achevèrent
de le déconcerter : on ne les fit ceffer qu’en lui lavant promptement
les pieds. L ’Archevêque fit un Difcours fur l’humilité 3 il s’en
fut, & moi auffi.
On fait approcher dans 1 Eglife Grecque, les enfants de la Sainte
Table, quoiquils n’ayent que cinq ou fix mois. J’en fus témoin à
Tobolsk : on éveilla un petit enfant pour faire cette aéiion iàinte*