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 des hommes ne différé  point  de  celui  des  Ruffes ; mais  
 celui des femmes n’a aucun rapport avec tous  ceux  que j’ai  vus  en  
 Sibérie  (  N°. X X V I I I  ).  Elles  ont  une  chemife  de  groffe  toile,  
 fendue  fur la  poitrine  comme  celle  des hommes ;  elle eft  bordee  
 dans  cet endroit  avec  du fil  ou avec  de la laine de  différentes  couleurs. 
   Elles  ont encore une petite  broderie  d’une figure triangulaire  
 fur  le côté droit de la  chemife.  Leur  habit eft de laine ; il  a beaucoup  
 de rapport à celui des  Jéfuites lorfqu’ils  font dans le Collège  
 les manches de  l’habit de  deiliis font fendues vers le milieu  pour  y  
 paflèr  la main ;  communément  la  partie  inférieure  eft  pendante.  
 C e t  habit n’eft  attaché  fur le devant que par une  ceinture  artifte-  
 ment  brodée ;  il defcend jufqu’à la jambe. Elles portent de gros bas  
 de  drap avec des fandales  à la Ruffe. La cocffure des  femmes V o -   
 tiakes  eft affez  finguliere  :  elles  s’enveloppent  d’abord  la  tête avec  
 un torchon, elles attachent pardeffus avec deux cordons une efpece  
 de cafque fait d’écorce d’arbre;  il  eft garni pardevant d’un morceau  
 d’étoffe  &  de  copeks.  C e  cafque eft  enfuite couvert  par  un mouchoir  
 brodé de fil  & de  laine  de  différentes  couleurs, &  entouré de  
 fratîges ;  cette  cO'dffure  les éleve  de  près  d’un  pied.  Leurs cheveux  
 forment  deux  treffes  qui  tombent  fur  la  poitrine  avec  un  collier  
 femblable  à ceux des Tartares. Une des perfonnes qui m’accompa-  
 gnoient,  curieufe  de l’examiner,  fut obligée  d’ouvrir  la  chemife  
 d’une  de ces Votiakes, de façon que fa gorge étoit totalement à découvert. 
   Loin de le  trouver mauvais  ,  quoiqu en  public,  elle  rioit  
 de fa curiofité. 
 M. Strahlemberg  croit  ce  Peuple  un  des  plus  anciens  de  la  
 Sibérie ( i ).  Il eft Chrétien depuis plufieurs années, mais fi peu inf-  
 truit,  qu’il n’a pas  la plus petite idée de cette Religion. Les Ruffes 
 (i)  TomeII,  page  153. 
 leur  envoyèrent  des  Prêtres &   des  Soldats  pour  les  convertir.  Je  
 trouvai à Sowialova  un Millionnaire  Ruffe  chargé  de les  inftruire  
 &  de les  baptifer. Quoiqu’il n’entendît pas leur langue, il les faifoit  
 toujours Chrétiens;  aufli ont-ils  confervé toutes les fuperftitions de  
 leur Religion. 
 Délirant acheter  un  habit de femme, on m’en apporta un qu’on  
 me vendit vingt-cinq  livres argent de France.  Le  Village en  fut  à-  
 peine  informé  qu’il s’affembla & réclama cet habit. Il regardoit cette  
 vente comme un facrilege  dont  le'Village  ieroit  la viétime ,  parce  
 qu’ils  enterroient les  femmes avec leurs habits ;  c’étoit un  article de  
 leur Religion. On emmena la femme  qui  me  l’avoit  vendu ;  elle  
 convint du  fait;  mais elle repréfenta que cet habit avoit  appartenu  
 • à feue  fa mere. Elle vivoit lorfqu’ils furent  faits Chrétiens, & il fut  
 alors  défendu  de  la part  de  l’Impératrice  d’enterrer  les  morts avec  
 leurs habits.  Cette  femme  fut renvoyée  innocenté :  cependant  les  
 Votiakes  voulurent  m’obliger  à  rendre l’habillement, &  je  ne le  
 confervai  que par le fecours des  Soldats que je fis  mettre fur la  dé-  
 fenfive. 
 Les femmes Votiakes  font très  laides  en  général,  &  plus malpropres  
 qu’aucun Peuple du Nord,  exceptéles Samoyedes, fuivant  
 le rapport que m’en ont fait des Ruffes  qui  ont voyagé  dans  cette  
 Contrée.  Ces  dernieres ne portent jamais  de chemife : leur habillement  
 eft fait de peau de rennes en forme de fac ( N ° . X V I  ). Leurs  
 bas font auffi  de peau  du même  animal,  &  elles  portent quelquefois  
 des fandales  à la Ruffe  ( 1 )_ 
 Je partis très tard de  cet  endroit ; je traverfai  plufieurs Hameaux  
 habités  par des Votiakes & des Tartares, & j'arrivai le  z 9  à  huit  
 heures du  foir fur les bords de la riviere Viatka.  Pour la paffer, on 
 ^  (X y  Vn RuiTe qui a voyagé chez les Samoyedes,  m’a fait préfent d’un de leurs habits,  
 «Upres lequel on a fait le deifin.