diffipavers midi, & nous partîmes aufli-tôt. Le temps ayant été affez
beau pendant plufieuts jours, nous fûmes peu retardés en route :
nous arrivâmes enfin à Vienne le 31 Décembre 1760.
Je reçus dans cette Capitale l’accueil le plus favorable de Leurs
Majeftés Impériales ; elles voulurent honorer les Sciences & l’Académie,
en délirant que je leur fuife préfenté. Pendant mon féjour
dans cette Ville j’allai voir le Cabinet d’Hiftoire Naturelle de l’Em-:
pereur. O n peut le placer dans le nombre des plus beaux de l’Europe
, par les fuites complettes qu’il renferme. Je n’en ai vu nulle
part une aulïi belle dans la Glaffe des Coraux.
L ’Arfenal fous la direétion du Prince Liétenftein eft un objet des
plus curieux à voir, non-feulement par la quantité d’artillerie dont
ce Prince l’a augmenté, mais encore par la multitude d’armes de toute
efpece qu’on y trouve. L ’ordre Si l’arrangement offrent un coup
deuil admirable. C e Prince a fait conftruire dans le milieu une
Salle, où il a placé deux belles Statues de marbre qui repréfentent
l’Empereur & l’Impératrice. Leurs Majeftés Impériales ayant été
voir l’Arfenal, furent agréablement furprifes d’y voir cette nouvelle
preuve d’attachement Si de zele du Prince Liétenftein ; mais
ce Prince le fut encore plus quelque temps après , de voir fon Bufte
placé dans le même Salon , vis-à-vis de ceux de Leurs Majeftés ;
faveur iàns contredit la plus flatteufe pour un Sujet, Si qui peüt-
étre fait encore plus d honneur a Leurs Alajelles Imperiales, dont
la bonté Si la générofité captivent tous ceux qui ont l’honneur de
les approcher. Le Prince Li&enftein me procura une fuite de bois
pétrifiés des Monts Carpaks, des marbres, & différents cailloux qui
fie font pas moins intéreffants.
Je iàvois qu’on faifoit à Vienne l’examen le plus févere de tout
ce qui y entroit. Dañóla crainte que mes inftruments, arranges avec
lé plus grand foin, ne fouffriffent de cette vifite, je priai M. le
Comte de Staremberg, Ambaffadejir de Leurs Majeftés Impériales
à Paris, d’obtenir que mes inftruments ne fuilènt point déballés. II
eut la bonté d’écrire à Ce fujet à M. le Baron de Cotec, qui avoit la
régie de la Douane. Je fus enchanté de fes politeffes , Si des ordres
qu’il avoit donnés.
J’avois obfervé pendant le cours de mon voyage fur le Danube ;
la hauteur du baromètre : mais l’ufage que je devois faire de mes
obfervations.exigeoit que je les comparaile a celles faites a Vienne.
J’y trouvai le Pere H e ll, Jéfuite , Profeffeur d’Aftronomie, connu
parfon mérite diftingué dans cette Science, Si par fes Ephémérides
dont il enrichit chaque année l’Europe fa vante. Le Pere Liesganig ,
de la même Société, Si qui s’occupe avec fuccès dans le même genre,
voulut bien fe charger de faire des obfervations correfpondantes à
celles que je ferois par la fuite, & me communiquer celles qu’il avoit
faites pendant mon voyage fur le Danube. Nous déterminâmes
dans fon Obfervatoire la déclinaifon de la bouffole de treize degrés
vers l’Occident, Si nous comparâmes en même-temps nos baromètres.
J’appris de M. le Baron de Vanswieten , premier Médecin de
l’Impératrice, Sc Affocié de notre Académie, qu’il employoit avec
le plus grand fuccès 1 ele&ricité, pour guérir les rhumatifmes, ■ Si
les autres infirmités de ce genre , tandis qu’en France les malades
n’en reçoivent prefqu’aucun foulagement. Cette différence auroit-
elle là fource dans la différence des climats , ou n’auroit-on pas faiiî
la vraie route dans l’application de ce remede ?
Je partis le 8 Janvier de cette Capitale , après avoir reçu de grandes
marques de bonté de M. le Duc dePralin, pour lors Ambaflà-
deur à Vienne. M. Favier, qui alloit à Pétersbourg en qualité de
Secrétaire d’Ambaffade , .fe joignit à nous : nous arrivâmes le 9 Janvier
1761 à Nikolsbourg, petite Ville affez bien bâtie. O n y voie
un affez beau Château, Si une belle Fontaine. La Ville deBrünn ,
où nous féjournâmes le. même jo u r e f t fortifiée , mais médiocre