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 mes vues. 
 Malgré les variétés que j’ai reconnues dans la multitude des faits  
 que j'ai  recceuillis,  je crois pouvoir établir qu’on marie communément  
 les enfants vers dix-huit ans, fouvent beaucoup plus tard, &  
 dans quelques circonftances à quinze & à feize. Les femmes accouchent  
 jufqu’à  cinquante  ans ; mais  cela  eft rare :  elles m’ont paru  
 plus fécondes que  je ne l’a vois  cru , parce quelles ont la plupart les  
 fleurs blanches,& que cçtte maladie eft par-tout ailleurs un obftacle à  
 la  population.  Ces Peuples ayant peu de befoins, ne craignent pas  
 l’embarras  des  nombreufes  familles :  auffi  ai-je prouvé des femmes  
 qui  avoient eu dix-huit enfants  ;  mais il faut  placer  cette fertilité  
 dans la  çlaife des phénomènes. Ces femmes n’çn  ayoient  confervé  
 cependant  que  deux  ou  trois  fur  un  li  grand  nombre, Plulleurs  
 caufes particulières dépeuplent tous les jours ces vaftes contrées, 
 La petite vérole emporte près de la  moitié des enfants :  il paroît  
 quelle y a pénétré par l’Europe. Différentes perfonnes m’ont attefté  
 Je faic lingulier,  que  les  Tartares  vagabonds  lîtués au Midi de  la  
 Sibérie  ne  connoiffent  prefque  point  çepte cruelle maladie, Ils en  
 ont une fi  grande horreur,  que fi quelqu’un en eft  attaqué,  on le  
 laiffe feul dans une pente ,  avec des provifipns de vivres, & l’on va  
 camper  ailleurs.  Les Tarpares qui pénètrent dans la Sibérie en fpnt  
 attaqués  prefque  auffi-tôt :  il  erp  meurt  beaucoup ;  ceux  qui  ont  
 atteint  l’âge  de  trente-cinq  ans  n’en  réchappent prefque -jamais.  
 Plus ces  faits  me  parurent  finguljers ,  plus  je  pris de  précautions  
 pour  m’en  affiner,  Jç  ne  puis cependant les étayer que du témoignage  
 de  plufieurs  perfonnes  éclairées  que  j’ai confultées, & qui  
 n’avoient aucun motif de m’induire en  erreur, 
 Les maladies  vénériennes font répandues dans toute la Ruffie &  
 danskTartarie boréale plus que par-toup ailleurs  (i). Les hommes 
 (j)  Voyei page  67, 
 font 
 font  très  fujets  a  la  Sodomie  en  Ruffie. Tous lès Peuples, depuis  
 Petersbourg jufqu a Tobolsk,  font attaqués des maladies vénériennes. 
   J’ai fu quelles avoient pénétré jufques dans les contrées orientales  
 de  la  Sibérie,  M.  Gmelin  confirme  cette  vérité  dans  fon  
 Voyage en Sibérie.  »  Suivant ce Voyageur, le mal de Naples eft,  
 »  pour  ainfi  dire ,  commun â tous les Habitants du diitrid d’Ar-  
 »  gunsk,  hommes,  femmes, vieux  ,  jeunes,  & même aux en-  
 »  fants. On ne peut ni en voir les effets fans une efpece d’effroi, ni  
 4  penfer lans compaffion aux triftes fuites que peut avoir cette ma-  
 »  ladie.  Le  feul  remede qui foit en ufage  eft la déeoétion d’écorce  
 »  de peuplier blanc,  ou de melefe,  avec l’alun.  Ce remede étant  
 »  propre  à faire  pénétrer  le  venin  jufqu’aux  parties  intérieures ,  
 »  hâte la mort de plufieurs malades, & l’on ne peut décider fi ceux  
 »  qui  ne meurent  pas  font moins malheureux. Le Peuple eft dé-;  
 »  truit peu à peu. Ceux que ce mal cruel n’a  point  encore  confu-  
 «  més,  font  incapables  de  travail,  ôc  réduits  à mourir  de mifere  
 »  dans un Pays fertile & fain ( 1) », 
 Le même  Voyageur a trouvé  peu  de maifons  dans  la Ville de  
 Tomsk ,  ou une perfonne au-moins ne  fût  affligée de cette maladie. 
  Il y connoilfoit des familles entières qui en étoient attaquées (z).  
 Elle s’eft répandue  dans cette contrée avec la plus grande rapidité ,  
 a.caufe de la  débauche  des  deux  fexes,  &  parce  qu’ils  n’y  font  
 ufage d’aucun remede efficace. La plupart des enfants naiffent avec  
 cette  maladie  (3).  On  fait que  le foetus  tire  fa  fubftance  nourricière  
 de la liqueur qui filtre à travers la matrice de la mere ; & cette  
 liqueur étant envenimée, le virus fe communique à l’enfant, quand  
 même  il  feroit  fain  dans  la  formation.  Ce virus eft la fource de 
 (1) Gmelin, Tome I , page 2.56,  
 (.2) Tome I ,  page  15 7 . 
 (#)  Voyez page  6<5.