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 celir & a 1 efprit de fon pere, la plus belle figure & tous les agrém ents  
 d’une jeune perfonne. M. de Witenhof, né fenfible  , ne put réfifter  
 à tant de charmes. Il avoit le Cordon de St.  Alexandre Neuski,  &  
 netoitpasfansambition.il n’ignoroitpas le danger depoufer la fille  
 du  Général Munie difgracié : mais il aimoit ;  il  obtint la permif-  
 fion  d etre  heureux.  Il s eft applaudi chaque jour d’avoir eu le courage  
 de faire fon bonheur. 
 Mm= de Witenhof étoit  iêparée  de  Ion  pere  depuis vingt ans :  
 elle ne  le  connoilfoit  que  par  la  renommée,  qui  en  publioit  les  
 malheurs & les vertus.  Elle demeurait à R iga, où fon époux corn-  
 mandoit en fécond. A  la  nouvelle du rappel  de fon pere,  elle volé  
 avec M.  de Witenhof à Saint-Pétersbourg. L ’Empereur  venoit  de  
 monter  fur  le  Trône,  tout refpiroit le plaifir dans cette  Capitale ;  
 mais le  coeur  tendre  de Mme de Witenhof gémiflbit que  le devoir  
 l’obligeât de paraître un inftant à la Cour - elle part le jour fuivant,  
 & prend avec ion mari  la  route de la Sibérie. Munie enfermé depuis  
 vingt ans, n’avoit jamais entendu parler de fa fille. Il étoit parti  
 de  Sibérie  ignorant  fon  fort &  tousfes événements  qui  seraient  
 fuccedés dans  ce long intervalle.  Il  revenoit  âgé de plus de quatre-  
 vingts ans, avec fa femme. M™ de Witenhof trouve  fon peré  fous  
 un vil habit de  peau de  Mouton. Munie reconnoît  fa  fille  à  fes  
 tranfports, & verfe des larmes pour la première fois. Sa femme, accablée  
 fous les malheurs de l’exil, tâchoit envain départager  la  joie  
 commune : fes organes, ufés par l’infortune,  n’étoient plus fufeep-  
 tibles  d aucun  plaifir.  J ai  eu  1 honneur  de  voir plufieurs fois .cette  
 refpedable famille, Cetfe infortunée mere, quoique rafliirée â Saint-  
 Pétersbourg par les juftes  égards qu’on avoir pour  fon  époux, par  
 fa prudence  &  par  la vénération de toute  la Nation,  étoit  encore  
 coûte tremblante.  On  n ouvrait  point la porte qu’on ne remarquât  
 de l’inquiétude fur fon vifage. 
 Tou?  les  exilés  ne font pas enfermés,  ainfi que je l’ai déjà dit. 
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