Capitaine. — H é bien , je te fa is Lieutenant, & ttl Jfèrviras ; Si il
ièrvit Lieutenant.
La familiarité de l’Empereur captive cependant une partie de la
Nation : mais fa conduite publique & privée éloigne la plus fenfée.
Uniquement occupé de fes plaiiîrs, une révolution le fait defcendre
du Trône , & y place l'Impératrice, Dès l’inftant la feule volonté
de cette Princeife fuffit pourdifpofer de la vie & des biens de fes
Sujets ; on ne paraît devant elle que profterné, en lui jurant la plus
grande fidélité, ainfî qu’aux Souverains fes prédiceifeurs. Mais la
mort inattendue de l’Empereur, ,& celle du jeune Iwan , lui aifu.
rent doublement l’Empire.
Le Souverain, dès le moment qu’il eft fur le Trône , eft fuppofé
n’avoir plus de parents, & perfonne n’ofe fe réclamer de la Famille
Mais comme pour parvenir à ce but il étoit néceffàire, en premier lieu , de faire con-
noître à la Nobleffe, conjpae au principal Ordre de l’Empire, combien font grands par
rapport à la profpérité dju genre humain , les avantages dont jouiifent les Etats éclairés, en
comparaifon des Nations innombrables enfoncées dans l’abîme de l’ignorance , le befoin
extrême l’obligea en ce temps-là d’ordonner à la NobleiTe Ruffe, en lui donnant des marques
diftinguées de fe bontç, de s’engager dans le Service Militaire $c Cjvil j & de plus
d’inftruire la jeune NobleiTe, non-feulement en différentes Sciences, mais auffi en beaucoup
d’Arts utiles , en les envoyant dans les Etats de l’Europe, 8c en établifTant auffi en
Ruffie, dans cette vue, différentes Ecoles , afin de recoeuillir d’autant plus promptement
fe fruit déliré.
Il eft vrai que ces Règlements parurent en partie dans le commencement durs, 8c infup-
portables à la Nobleiïe, en les tirant du repos , en les éloignant de leurs maiibns, en les
faifant fervir contre leur gré ,.dan^ l’Etat Militaire çu dans d’aujxes Emplois. Il y et) eut qui
fe cachèrent, en s’expofant par-là, non-feulement à la punition, mais meme a perdre
leurs biens , comme négligeant leur propre bien-être 8c celui de leur poftérité.
Cet établiffement, quoiqu’accompagné dans le commencement de quelque contrainte f
a épé fuivi avec beaucoup d’utilité par tous ceux qui depuis Pierre le Grand ont occupé le
Trône de Ruffie : 8c en particulier par notre très chere Tante l’Impératrice Elifabeth Pe-
trpwna, d’heureufe mémoire, qui, imitant les aétions de l’Empereur fon pere, a étendu
& npultiplié par fa protection la connoiiïance des Affaires Politiques^, 8c les différentes
Sciences dans l’Empire de Ruffie. Quant aux effets qui en ont été produits, nous voyonç
avec fatisfa6tion,& tout véritable Enfant de laPatrie doit le reconnoître,que cela a procuré
des avantages fans nombre. La groffiéreté de ceux qui auparavant u’ayoient aucun zele pour
Royale,
Royale. Un Courtifan étranger ayant appris que Madame la Comte
(Te de Woronzof étoit alliée à l’Impératrice Elifabeth , crut avoir
fait une découverte politique. Il fut auffi-tôt lui en faire compliment
elle pâlit, S i lui dit qu’il fe trompoit.
Il étoit défendu, fous peine de mort, de garder une Monnoie
marquée au coin du jeune Iwan. Le Peuple rioferoit jouer avec
les Roubles où eft l’empreinte du Souverain. On ne peut paifer devant
le Palais, vis-à-vis des appartements de l’Empereur, fans ôter
fon chapeau, ou baiifer la glace, fi l’on eft en voiture j fans quoi l’on
eft expofé a la brutalité des Soldats. Celui quiéeriroit en petits caracle
bien public , eft extirpée : l’ignorance a fait place à la faine raifon ; l’Etat Militaire a des
Généraux braves & habiles} l’Etat Givil & la Politique , des geiis favants & propres aux
Affaires. Pour conclure en un mot, les fentiménts nobles ont gravé dans les coeurs de tous
fes vrais Patriqtes une fidélité & un amour fans bornes envers Nous , une grande ardeur
Sc un zele diftingué pour notre Service ; ce qui fait que nous ne trouvons plus la même
ïiéceffité de forcer au Service, laquelle a exifté jufqu’à préfent.
Ainfi ayant égard aux circonftances ci-deffus expofées j en vertu de la puiffance que
Dieu nous a donnée, Nous accordons par notre très haute grâce Impériale, dorénavant, à
perpétuité & pour toutes les Races à venir, à toute la NobleiTe Ruffie -, la liberté & la fran-
chife} enforte qu’elle peut fervir tant dans notre Empire que dans les autres Etats de l’Ett-
tqpe qui nous font Alliés, fuivant la teneur de la Conftitution qui fuir.
I. Tous les Gentilshommes qui fe .trouvent dans les différents Etats de notre .Service,
peuvent y refter autant qu’ils le fouhaiteront, 8c que leur fituation le leur permettra.
Cependant il eft défendu aux Militaires de demander leur congé, ni pendant lacampa-
.gne , ni trois mois avant fon ouverture : mais après la fin de la campagne, ceux qui font
;dans le Service Militaire , tant au dedans de l’Empire qu’au dehors, peuvent demander
leur congé a leur Chef j 8c tous ceux qui font à notre Service , dans quelque état que .ce
.foit, favoir ceux des huit premières Clafles, attendrqnt la réfolution de notre très haute
xonfirmation, 8c fes autres Claffes attendront la réfolution des Dçparf çmenls auxquels ils
.appartiennent
II. Tout Gentilhomme qui nous aura fervis d’une maniéré exaéke 8c irréprochable, fera
.pour recompenfe élevé à un Grade de plus, en recevant fon congé, s’il a été plus d’un an
dans le Grade ou il fe trouve lors çfe fon congé. Cela regarde ceux qui demandent à n’êrre
plus employés dans aucune affaire : mais pour ceux qui voudront quitter le Service Militaire
pour paffer dans fe Civil, s’il y a vacance, on les avancera de même, en fes employant,
après avoir examiné s’ils ont été trois ans dans un même Grade ; favoir dans celui où ils fe
trouvent lorfqu’ils embraftent l’Etat Civil, ou autre quelconque à notre Service.
Tome I. Q