confeil j j’éprouvai une douleur fi, vive, que je crus m’être affîs fur
une plaque de fer rouge. Je n’eus pas le temps de réfléchir fur la
caufè de ma douleur, ni de chercher les efcaliers : je me trouvai dans
un inftant au bas de ce malheureux l i t , avec mon thermomètre
brifé par la chute que je fis. La chaleur étant moins confidérable fur
ce plancher, je reliai d’abord couché fans ofer me remuer : je fis
ouvrir la porte promptement, & les petites fenêtres. Il y avoit un
tonneau à côté-de m oi, avec de l’eau & des baifins. Ayant fait remplir
un des baifins , je m’aifis dedans, & me fis jetter de l’eau avec
l’autre fur tout le corps. Un peu revenu à m o i, je ne fongeai plus
qu’a fortir de ce lieu : mais je n’ofois me tenir debout, parce que
j’étois alors dans la partie très échauffée de l’atmofphere-Voulant
donc m’habiller courbé , mouillé , & avec un peu trop de vîteffe ,
mes vêtements fe trouvèrent trop étroits : plus je me preffois, &
moins j’avançois. Excédé de tant d’embarras, je me jettai dans l'ami t
chambre prefque nud : là rigueur du. froid ne m’ayant pas plus
permis de m’habiller, je m’enveloppai dans ma toulouppe ; je gagnai
ma voiture, traînantaprès moi une partie de mes vetements, & j e me
fis conduire avec la plus grande vîteffe au logis , où je me couchai
aulfi-tôt. Moiî prompt retour, & l’accouutmait dans lequel j'y arrivai
, firent craindre à la Makreffe de la maifon qu’il ne me fût arrivé
quelque accident : elle vint aulfi-tôt me voir; je laraffurai, & lui
demandai de la tranquillité : c’étoit le feul remede dont j’euffe befoin;
elle fortit, & revint quelque temps après avec une jatte de thé,
qu’elle me préfenta. Me voyant peu difpofé à faire ufage de cette
boiffon , elle me fit dire par le Sergent Ruffe, qui commençoit à entendre
le François, que j’étois revenu trop promptement des bains
pour avoir affez filé ; qu’il étoit néceffaire que je priffe cette liqueur
pour faciliter la tranfpiration.
Quoique mon intention n’eût jamais été de fuer , elle infifta
avec tant de bonté, que je pris cette jatte de thé ; mais m’en ayant
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