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 que aux dépenfes de néceflké abfolue  , & entretenir  un  Corps  de  
 Troupes  de trois  cents  trente  mille hommes  :  quoique  convaincu  
 de cette vérité , je fuppoferai le fait contraire ; c'eft-à-dire que  cette  
 PuilTance peut entretenir ce  corps de Troupes, &  faire face à  toutes  
 les autres dépenfes néceflfaires à l’adminiftration de ce vafte Empire;  
 mais%u moins eft-il bien confiant &  démontré  que la Ruflie n'enChancelier, 
   le Grand-Maître  de  la Maifon Impériale,  le  Grand-Tréforier 8c le Grand-  
 Ecuyer, 
 t ° .  Le  Confeil  de  Guerre,  compofé  de quatre  Feld-Maréchaux, de deux Généraux  
 d’A rtillerie,  8c de  douze Lieutenants Généraux. C e Confeil a foin de l’entretien de l’armée  
 8c de  l’avancement d?s Officiers jufqu’au grade de Lieutenant Colonel. Il  a fous lui  
 la Chancellerie  de l’Artillerie , 1e Commilfariat de la Guerre, la CaifTe Militaire, la Chanc 
 e l l e r i e  pour les Habillements  ,   la Chancellerie  pour  les V ivres,  celle  des  Comptes,  8c  
 le Comptoir du Collège  de la Guerre  établi à Mofcou. 
 6°.  Le Collège  de  l’Amirauté ,  qui prend  foin de toutes les  affaires  qui  regardent la  
 Marine  II a l’infpe&ion de  toutes les Forêts &  des Bois  ligués  fur  les  grandes  Rivières,  
 l ia  fous lui  i? . le Commiffaire  Général  de  la Marine ,  chargé  du  paiement  de tout  ce  
 qui a rapport à cet objet, comme des Vivres 8c de la Caiffe.  z u.  Le Comptoir dequipage  
 établi  pour avoir  foin  des Magalins 8c de  toutes  les  chofes  néceffaires  à  l’équipement  
 des Vaiffeaux. 3 °. Le Comptoir  de la conftruétion des VaiiTeaux 8c de tous les matériaux  
 qui ont rapport  à  cet  objet.  40.  Le Comptoir de  1 Artillerie 8c  de la Marine. 
 7 ° . Le Collège des Affaires étrangères,  dont l’objet eft l'expédition  des affaires  fecrè-  
 te s ,  le paiement des Miniftres  dans  les  Cours  étrangères ,  les  Penlîons  &  les Gratifications  
 qu’on  donne  d  ces Miniftres,  aux Officiers 8c  autres Perfonnes. Ce Collège réglé  
 auffi  toutes  les  affaires hors de l’Etat.  Il  a  i  Mofcou un  Comptoir  chargé de  la  recette 
 &  de  l’envoi desfommesqui  lui font  alignées. 
 go. p ç yX Collèges de Juftice  ,  l’un à Saint-Pétersbourg, 8c  l’autre  à  Mofcou.  Ils ont  
 l’adminiftration de la Juftice. Pierre 1er établit qu’ils n’auroient point dépices, &  il aflîgna  
 aux  Juges  '8c  aux  Greffiers  des  appointements  fur  le Tréfor  publiG (*}.  Le  Sénat  ,  au  
 contraire ,  n’a  point  d'appointements. 
 ç,e.  Le Collège des  Finances.  Il a  foin de  la  recette des revenus publics ,  à l’exception  
 de  la Capitation  8(  des  Salines.  Il y  a  aduellemept  un  Comptoir à  Saint-Pétersbourg  
 qui  adminiftre  les  revenus des  Provinces  conquifesj  tous  les autres Départements font  
 à Mofcou. Je  ne  comprends pas dans la Finance  la multitude  des  Employés  chargés, de  
 1*  recette des Revenus,  des  Péages ,  de  la Douane, des  Salines, &ÿ.  fous  ces  Em- 
 (*)  Voltaire,  Tome II,pageizt, 
 tretienc 
 tretient fes troupes de Gouvernement & de Campagne, en temps de  
 paix, que parce quelles exigent peu de dépenfe en argent, &  que les  
 Peuples foumiffent en nature  les denrées  néceffaires  à leur  fubfif-  
 tance,  & les Fourages pour  la Cavalerie  , pourvu qu’on envoie  la  
 plus grande partie de  ces Troupes dans les Provinces  les  plus fertiles  
 : mais toutes ces facilités  difparoiffent en temps de guerre,  parce  
 qu’il n’eft pas poflible de tranfporter les denrées &  les  fourages  auployés  
 ne coûtent  rien à l’E tat,  parce qu’ils font  payés par  les  Fermiers,  qu’on  appelle  
 Otkoupçkiki. 
 io ° . Le  Comptoir d’Etàt qui dirige la dépenfe des fommes publiques',  &  qui  donne  
 ies Ordonnances  au Collège  des  Finances  $  les  Chambres  des  Rentes  établies  à  Sainte  
 JPétersbourg, ne paient que fur  ces  Ordonnances. 
 11  Le Collège de revifion, qui reçoit les comptes de tous les  autres Collèges,  les  
 examine. 
 i z ° .   L e   Collège du Commerce.  Il a  pour  objet  les  Mines  ,  les  Manufactures,  les  
 Douanes maritimes,  le  Péage  dans  les  Ports 3  &   il  réglé  toptef  les  difputes entjre  les  
 Marchands. 
 13 °.  Le comptoir du Sel dirige les revenus des Salines, Sc reçoit l’argent de ce qui entre  
 dans les coffres de l’Impératrice  : il paroît que ces deux articles  [ X 11-& XIII. ] ne &nt  
 pas  payés  fur le Trpfor Royal. 
 140.  Les différentes Chancelleries diftribuées  dans  çe  vafte Empire ,  &  tous les  Gouverneurs  
 &  autre- Employés Militaires qui  reçoivent  leurs appointements des  Chancelleries  
 de leurs Provinces, ainfi qu’une infinité d’autres-Employés de la Cour. 
 On conçoit aifément d’après  le. Tableau , de la multitude d’Employés  néçeflairçs  pour  
 l’adminiftration de tous ces Collèges,  que les revenus de  la Ruflie ne  feroient  pas  fuffî-  
 fants,  ¿beaucoup près, pour fubvenir à toutes  ces dépenfes, fi  elles étoient prifes  en  entier  
 fur les revenus de l’Etat. Il fera aifé d’éclaircir par la fuite cette matière 3 je Paurois pu  
 pendant mon féjour en Ruflie , fi j’avois eu en ordre le  tableau de cette adminiftration,  tel  
 que je le préfente ici 3  mais il étoit nécefldire d’en recoeuillir  d’abord les matériaux, &   ce  
 n’étoit  pas  un petit travail. Au  refte  ,  il  eft  confiant que  les  dépenfes qui concernent le  
 Militaire  , font  prifes fur  le  Tréfor  Royal, ainfi que les. appointements d’une partie des  
 Collège,?. Or cinq millions de roubles  (*) font un revenu bien modique pour fubvenir  aux:  
 feules  dépenfes  qui  concernent le Militaire  3 quoique dans  les parties  qui  ont rapport à  
 la  conftruétion  des  armes,  des  munitions &   de  la marine,  l’efclavage  fourtjifle  à  la  
 Ruflie des moyens  d’employer  d  vil-prix une multitude  de bras  à ces différents objets. 
 (*) Page §É*  
 J ’orne 1, Mm