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 à portée  de  m’en affûter,  ayant fuivi cette  route  a  mon retour  de  
 Tobolsk à Saint-Pétersbourg. 
 O n  voit par  ce  détail de l’intérieur de la Ruffie, que le  Souverain  
 eft  obligé  d’avoir  perpétuellement un  corps  confidérable  de  
 Troupes pour tenir fes Sujets dans l’obéiffance , &  pour mettre cet  
 Empire à l’abri des  incurfions  desTartares:  c’eft  ce  Corps  quon  
 appelle Armée de Gouvernement ; il  fe  monte  a cent mille hommes  
 environ (i) :  ces Troupes n’ont point d’autre dlftination ;  elles  
 ne font jamais la guerre autre part,  non-feulement parce qu’il feroit  
 trop dangereux  de dégarnir les Provinces &  les limites, mais encore  
 parce que ces Troupes étant difperfées dans cet  Empire  de près de  
 zoo o  lieues,  fur yooenviron de  large  ,  il  n’eft  pas  poffible de les  
 faire mouvoir, ni de les  raifémbler.  Dans  certaines  circonftances ,  
 elles arriveroient  au rendez-vous lorfque la guerre feroit  terminée j  
 car les chemins font prefque toujours impratiquables pendant 1 Eté ÿ  
 on  ne  trouve pas  toujours des Ponts  , même  fur la  route de Saint-  
 Pétersbourg à Tobolsk , qui eft  très  fréquentée  ;  auffi ne voyage-  
 t-on que pendant  l’Hiver  en traîneau ; &  quoique  je  n euflè  que  
 trois Perfonnes avec moi  lorfque je voyageois dans ce Pays ,  je  ne  
 trouvois pas toujours  dans  les Villages  le  nombre  de  chevaux  qui  
 m’étoient néceffaires pour continuer ma route.  C e font ces difficultés  
 locales & l’étendue de cet Empire, qui font caufe que la Ruffie ne  
 peut faire  un  autre ufage des Troupes de Gouvernement. Elles ne  
 font ni aguerries, ni difciplinées, auffi les Rufïes n en font-ils aucun  
 cas.  Elles  font très  mal entretenues,  leur paye n’eft environ que  la  
 moitié de  celle des Troupes  de  campagne.  Les Soldats  nont  par  
 conféquent que onze  deniers environ  par jour , argent de France j  
 mais on leur  diftribue  chaque mois, ainfi qu a ceux de campagne, 
 (i)  Voyez page ij<>. 
 deux boiflèaux de  farine & un boiffeau de gruau par  tête.  C e corps  
 de Troupes, de près de cent mille hommes  , ne  coûte,  en  argent  
 à   la  Ruffie  ,  qu’un million  cent  foixante  mille roubles , ou  cinq  
 millions huit  cents mille livres, argent  de  France  ;  parce  que  ces  
 Peuples  font  obligés  de  fournir en  nature  les  denrées  néceffaires  
 pour les faire fubfifter.  Cet impôt,  indépendant  de  la  Capitation  
 &   des  autres  droits  (  i  ) ,  procure  à  la  Ruffie  les  moyens  d’avoir  
 un corps  confidérable  de  Troupes,  les  Peuples  fourniffant  
 les mêmes denrées  aux Troupes de campagne,  depuis  l’Ecrivain du  
 Commiflàire jufqu’au Denfchik  ( domeftique des Officiers ).  Auffi  
 on envoie en garnifbn les Troupes de campagne dans les Provinces  
 les  plus fertiles. Par cette adminiftration , l’Etat Militaire de Ruffie,’  
 de Terre & de Me r , quoique de trois  cents trente mille  hommes ,  
 ne coûte cependant  que  fix millions quatre cents mille  roubles environ  
 , ou trente-deux millions  trois  cents  mille  livres, argent  de  
 France ( i) . 
 (i) Voyez page 250. 
 (i) Pour déterminer la dépenfe des  Troupes, fai  pris dans  les Etats  de  dépenfe  du  
 Militaire, celle d’un Régiment. On verra par les détails fuivants, que les moyens dont j’ai  
 fait ufage, font fuiEfants pour conûater le degré de  préciiïon  dont j’ai  befoin  dans mes  
 réfuitats. 
 &  MM T  de Depenfe anAuelle d’un Régiment complet de trente Bataillons j  compofé de douze  
 Compagnies de Fujiliers j  & de deux de Grenadiers.  On  comprend dans cet Etat les places  
 de Fourages qu’on paye toujours en argent. 
 R A N G S . Nom 
 bres. 
 Appointements  
 de  chaque Officier  
 & Soldat,  
 y compris le décompte  
 des médicaments* 
 Dépenfe 
 annuelle. 
 Place  
 de Fou  
 ragepar  
 mois. 
 Place 
 rageai 
 moUd! 
 En  argent  
 à 90  
 Kopecks  
 par place  
 de .fou-  
 rage. 
 Nombre  
 des  
 Valets  
 d’Ofïi- 
 Appointements  
 & Fou-  
 rages  en  argent  
 pour toute  
 l'année. 
 Appointc-  
 ments,  en argem  
 de  France  
 , pour toiite  
 l’annie. 
 Grand Etat-Major,  
 Colonel. '  r 
 Rou.  Ko.  
 S 8y  o 
 Rou.  Ko.  
 j8 ;   0 17 102 
 Ro.Ko. 
 91  80 6 
 Rou.  Ko.  
 6y6  80 
 Liv.  Sou. 
 Lieutenant Colonel i 3 J i  o 3J i   0 II 66 59  4° 4 410  40 io jo ’  0 
 Major...................... i 18 6  lo 2.86  20 1,1 66 59  ’4° 4 345  40 1727  0 
 Aides-Major.  .  . z 175  5° 351  © 1 6 96 8 6  40 4 437  4° 2187  0 
 Chacun d'eux a une Com-  
 Pfgnie.