» Le froid eft fi v if à Iakutsk ( i ), que quelques années avant 1736
» un Vaivode obligé d’aller de fa maifon à la Chancellerie ,- qui
» n’en étoit éloignée que de quatre-vingts pas environ, eut les pieds,
3» les mains & le nez gelés; & fine fe rétablit qu’avec beaucoup de
»3 peine. Son corps étoit cependant couvert d’une ample fourure,
» & une capote de peau cachoit fa tête (z). Vers la fin de Juin
» on trouve quelquefois le terrein gelé, en creufant la terre de trois
» pieds de profondeur. En 168y on voulut creufer un puits, &
i> l’on trouva la terre gelee au mois de Juillet jufqu’à treize toifes de
33 profondeur ( 3 ) : cependant le 11 de Mai 1737 , la riviere dé-
3» gela, & le 14 du même mois il n’y avoit plus de glace.
33' La Ville de Tomsk, quoique beaucoup plus méridionale (4)4
3> éprouve des froids très rigoureux. Dès le milieu d’Avril l’air étoit
33 chaud & agréable : mais il changea tout-à-coup vers le I y de Mai.;,
» nous eûmes des neiges, des pluies, du verglas, & un jour de
33. froid inouï dans cette faifon (y) ».
La Ville de Mangafea, fituée fur la riviere cfleniiTea (6), eft
dans un climat très froid. M . Gmelin s’en explique ainfi (7). s
33 J’ai parlé des beaux jours que nous eûmes avant notre départ
y> d’Ieniffeik, vers la fin de Mai ( 8 j. Lorlque nous arrivâmes à Man-
3» gafea, nous crûmes palfer de l’été à l’hiver ; cependant c’étoit le
(r) Latitude, foixante-deux degrés-} longitude, cent quarante-cinqdegrés, quarante^
deux minutes»
(2) Tome premier, pag- 3 8 1, 411 8c 412-
_ (3) Je crois que c eft une faute d’imprefïîon, ÔC qu’if faut lire' treize pieds.
(4) Latitude, cinquàrïte-fept degrés- trois minutes ¿.longitude, cent deux degrés-trente-
huit minutes.
( 5, Gmelin, Tome II, pag. 164.
(ff) Latitude, ibixante-cinqdegrés Kente-fijt minutes ; longitude-3 cent % t degtés»
(7) Tome II, pag. 54.
Tome II, pag. yt»
» dixième de Juin : il eft vrai que nous étions déjà à fôixante-
>3 cinq degrés trente-fix minutes de latitude feptentrionale. La
33 terre étoit couverte de neige -, & il en tomboit encore : la glace
33 avoit Une épailfeur confidérable, & ne dégeloit point pendant le
33 jour. C e trille temps ceffa bien-tôt. Nous ne fûmes pas peu fur-
33 pris du changement fubit qui fe fit prefque fous nos yeux. Dès
33 que l’air eut pris quelque chaleur, il la conferva : les vapeurs &
33 les nuages dont le Ciel étoit obfcurci difparurent tout-à-eoup :
33 nous pûmes dès le i z nous paifer de feu. Nous vîmes le. lende-
3> main des Hirondelles. La chaleur du Soleil augmentoit : le 14 on
33 ne vie plus de neige ; l’herbe croilfoic à vue d’oeuil. Si quelqu’un
33 en a vu croître, c’eft peut-être à Mangafea 33,
M. Deliile, de l’Académie Royale dés Sciences, a tecoeuilli pendant
le long féjour qu’il a fait à Saint-Pétersbourg, toutes les obfef-
vations faites en Sibérie par les différents Académiciens qui y ont
été envoyés de Rulfie : il a vécu avec la plupart d’eux au, retour de
leur voyage, & en a reçu tous les éclairciffements qu’il pouvoir
délirer. Le tableau qu’il donne des froids de Sibérie eft- trop inté-
reffant pour ne pas le rapporter ici (1). Il expofe d’ailleurs dans un®
Table toutes ces obfërvations , & l’on peut par ce moyen fe former
d un coup d oeuil une idée exacte des froids preique incroyables de
la Sibérie, & de ceux du refte de la Ruflie,
On voit dans cette Table que le froid fit defcendre a foixante-dix
degrés le thermomètre de Réaumur, à Ieniffeik en 173 y , ainfi qu’il
a été obfervé à Solikamskaia dans l’hiver de 175 1 . Dans la même
année 173 y , le froid fur beaucoup moins confidérable à Tomsk ;
puifque le froid qu’on y éprouva répond à cinquante-quatre degrés
& demi du thermomètre de M. de Réaumur. Il fut à Irkutsk (z) à
(1) Vol. de ÏAcad. Royale des Sciences de Paris, annie 1745, pag, 1 ere des Mémoires»-
(2) Latitude, cinquante-deux degrés ffix-huit miuuçes ;lç>ngitude, c e « vingt-deijx.de»
gré; trente huit miatitesç