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 fuite de la révolution arrivée en 1737 dans la Nation dès Calmouks  
 Zongores, après  la  mort  de  Galdan-Tcheren,  en  1746.  Il étoit  
 Kam  des  Tartares  qui  habitoient  la  partie de la  Sibérie boréale,  
 iituée  entre  la  Sibérie  &  la Chine,  vers  la  fource de l’Irtysz(i).  
 Toute  cette  Nation a été détruite par  les Chinois. Ceux qui leur  
 ont  échappé fe  font réfugiés  fur le Volga,  fous la protection de la  
 Rulfie, 
 Les Rufles  ont  tâché dans  tous  les temp d’étendre leurs limites  
 vers  le  Midi  : ils  tentèrent  en  1761  de s’emparer d’une partie du  
 terrein abandonné par les Calmouks Zongores.  J’ai été  témoin du  
 petit  armement  que  les  Rufles  firent à Tobolsk  à  ce  fujet, & j’ai  
 appris en France  que  les Chinois  les avoient obligés d’abandonner  
 leur  entreprife.  Les Rulfes avoient pour principal objet de s’emparer  
 des montagnes , où ils efpéroient trouver des Mines d’Or. 
 Le  commerce  des  Rulfes  avec la Perfe n’a pas eu un plus grand  
 fuccès.  Les  Anglois  avoient  formé une  Compagnie pour faire ce  
 commerce, par le moyen de la Mer Cafpienne : mais les Rulfes en  
 prirent de l’ombrage; ils exigeoient que les Matelots fuffent Rulfes,  
 &  que les Vailfeaux fuffent conftruks par des Nationaux. Les troubles  
 de la Perfe achevèrent de détruire cecommerce.Quelques Arméniens  
 & des Tartares de la Boukarie apportent cependant en Rulfie  
 du Lapis,  de la Soie crue, & quelques Etoffes de Soie : ils en remportent  
 des Fourures  & des  Cuirs. Mais ce négoce eft très borné,  
 aiüfi que celui de Turquie. Ce dernier eft entre les mains des Cofa-  
 ques de l’Ukraine. Ils defcendent dans des bateaux la riviere du Don  
 jufqu a  la Ville d’Azow,  où ils échangent des  pelleteries & du caviar  
 contre du eaffé & des étoffes de Turquie. 
 La  plupart  des  canaux  projettés  pour  la  facilité  du commerce 
 {1} J e parlerai ailleurs de ce fîngulier événement. 
 font  reliés  imparfaits.  On  ne  trouve  pas  dans  les  autres l’utilité  
 qu’on  en avoit  efpérée  :  les  feuls qui méritent qu’on en faffe mention, 
  font le Canal de Ladoga  & celui de Wysnei-Woloczok. On  
 peut  par  leur  moyen  voyager  par  eau de Saint-Pétersbourg à la  
 Mer  Cafpienne ; mais il y a cet inconvénient,  que  les Bâtiments  
 font deux ans en chemin pour l’allée & pour le retour, parce qu’ils  
 vont  contre  le  courant  de  l’eau  ;  aulfi  n’en  fait-on prefque pas  
 d’ufage pour cet objet. 
 Le  Canal  de Wysnei-Woloczok joint  le  Volga  avec la  riviere  
 Mfta  (1), qui  fe  jette dans le Lac Ilmen, d’où fort la riviere Wol-  
 chow,  qui communique avec Saint-Pétersbourg  par  le  Canal  de  
 Ladoga.  Ce  dernier Canal eft  des plus importants  à  la  Ville  de  
 Pétersbourg, pour y amener les denrées néceffaires à  fa fubfiftance.  
 Le fond du Lac Ladoga (1) étant d un fable très mouvant, les tempêtes  
 en  forment  des bancs qui rendent  la navigation impraticable  
 fur ce Lac. 
 On  voit  par  tout ce qui  a été d it,  que le commerce de terre fe'  
 réduit à peu de chofe en Ruffie.  Les terreins immenfès & les déferts  
 qu’il faut traverfer le rendent même prefque impraticable. Tous ces  
 faits font connus des  gens inftruits qui  ont été à Saint-PétersbQurg  
 &  a  Mofcou.  M.  de  Voltaire  donne  la  même  idée de ce commerce  
 (3),  &  je  m’en  fuis  affuréèn  pénétrant dans  l’intérieur de  
 1 Empire,  Les  premiers Voyageurs s’y  font trompés, parce que dé  
 leur  temps  c’étoit un objet de nouveauté qui occupoit beaucoup 1*  
 Nation., & fembloic même promettre de grands avantages. 
 Le  commerce  de  Mer  que  la Ruffie  fait  avec l’Europe eft au  
 contraire  des  plus  avantageux  à  cette  Nation  ,  parce  que  l'exportation  
 eft  toujours  plus  confiderable  que  1 importation.  En 
 . (1) Carte n°. VI du Tome L  
 (2)  Ou Oz-ladozskoe. 
 ($) Tome  II, page  u u