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 Vitimskoi,  m a l g r é   le grand froid qu’on y éprouve  (i). Le  roAoût 
 173 6  les foins  étoient ferrés à Vitimskoi  :  la plus grande partie des  
 bleds étoient coupés, & dans  les bonnes années la moiffon n’eft pas  
 plus tardive. On avoit cependant eu dès-lors des nuits froides. 
 Le fol glacé  de  la Province  d’Ieniffeik,  &  la parefïè  des  Habitants  
 ,  concourent  également à rendre  cette  Province preique  in-  
 culte j quoiqu’elle  foit des plus  etendues.  ■ 
 La Province d’Irkutsk eft très étendue  :  elle eft inculte & fterile ;  
 on n’y voit que des plaines déferres &  a r i d e s , à travers lefquelles on  
 voyage plufieurs jours fans rencontrer un feul arbre. Cette Province  
 contient beaucoup de  lacs falés. 
 Le climat d’Iakutsk ne convient nullement au bled  :  on a cependant  
 vu  l’orge y  croître &  mûrir ;  mais  comme  elle y  a mal  reuffi  
 plufieurs  fois  ,  on  en  a  abandonné la  culture  depuis  longtemps.  
 Quant aux  autres  efpeces  de bled,  on n’y en a jamais vu venir en  
 maturité.  C e  canton  eft  non-feulement  trop  feptentrional, mais  
 encore trop oriental.  La terre y eft cependant noire & graffe,  ainfi  
 que dans les meilleurs terreins de Sibérie (2). 
 Toutes  les  autres  parties  de  la  Sibérie  depuis la Ville  d’Ilimsk  
 jufqu’à  la  Mer  du  Kamtchatka,  font  incultes  ,  arides  &  défer-  
 tes  (3).  Les  Habitants  de  ces  dernieres  contrées  fe  paffent  facilement  
 de pain :  ils  fe  nourriffent  d’herbes  ,  de poiffons,  de  gibier  
 ,  &  de l’aubier des jeunes pins. Ils le raclent, le font fecher, le  
 mettent en  poudre, &  le mêlent à leurs aliments (4). O n tranfporte  
 cependant du bled ç|an? ces parties de la Sibérie, mais en très petite 
 (1) Gmelin, Tome I , pag. $ 3 8 & 349. 
 (z) Gmelin, Tome I , pag. 411. 
 (3) Defcriprion de l’Empire de Ruffie, par M. le Baron de Strahlenberg, Torn. I , p 
 (1) Gmelin, TomeI, pag. 388,  '  .  , 
 quantité, 
 quantité  ,  à  caufe de la longueur  des  chemins, &  de la difficulté de  
 nourrir les chevaux. 
 Suivant  le  rapport de M .‘Gmelin ( i ) , on  ne trouve aucun pâturage  
 dans les environs de là Ville d’Okotskoi.  Il n’y  croît que  de  
 petits oziers, dont les  chevaux peuvent  manger  les  jeunes pouffes.  
 Il arrive fouvent que dans  la traverfée de cette Ville  (z)  à Iakousk ,  
 où  il. faut ramener les chevaux,  on eft furpris en route par l’hiver :  
 alors  la plupart des chevaux périffent  & iur cent, à peine  en peut-  
 on  conferver un. 
 Les  contrées  du  Midi  de  la Sibérie  fituées  vers  les  limites, ne  
 produifent point  de  grains, ou n’en produifent que très peu, jufqué  
 dans  les  environs d’Aftracan.  C ’eft  cependant,  pour ainfi dire, lé  
 feul Pays  de  la  Sibérie  qui  paroiiTe  propre  à être  habité  par  des1  
 hommes :  le  climat  en  eft doux 3  tout  y  annonce  un  terrein qui  
 feroit des plus fertiles  ,  s’il étoit cultivé  : mais  faute  d’Habitants  ,  
 ori  n’y .rencontre que des défères,  qui  oppofent aux Tartares  une  
 puiffante  barrière.  Le  froid  y  eft  quelquefois  très  rigoureux  ,  
 ainfi  que  je  l’ai  dit  ailleurs £  mais on  doit  regarder  ces  événements  
 comme  des  phénomènes qui  ne  tiennent point  à  une loi  
 générale. 
 Le  refte  de  l’Empire  de  Riiffie  eft  cultivé  dans  beaucoup  
 d’endroits. Cette partie de  la  Ruffie a  dans fa  longueur  moyenne  
 trois  cents  .cinquante  lieues  environ  d’Occident  en  O r ient,  
 quatre .cents du Sud  au Nord  ( page 83  ,  Note  y  ).  Elle  n’eft pas  
 par-tout  également  peuplée  , ni  également  propre à l'agriculture.  
 .Tout  le  Pays  compris  entre  la  Mer  Glaciale  &  le  parallèle  de 
 (1) Tome I , pag. 413. 
 (z) Ville  fitpée fur la Mer de Pengina- Il y a un Port : on s’y  embarque pour paiTçr au  
 Kamchatka, 
 Tome /.  JsJ