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 Efclave n’a pas  été exact à  fe rendre à l’ouvrage, ou qu il ne  s y foit  
 point  conduit  au  gré  du Sous-Fermier ,  il  eft puni  fur-le-champ  :  
 dans  ce  cas  on le couche par terre,  le  dos  tout  nud,  un Efclave le  
 tient par la tête, & un autre par les pieds, pendant qu’un troifieme  
 lui met le dos tout en  fang  avec un fouet, qu’on appelle kantzouk.  
 Le Sous-Fermier conduit  ces Efclaves à l’ouvrage le fouet à la main ,  
 ainfi que des chevaux, & il les traite de la même maniéré. 
 Pendant  que  les  hommes  font  occupés aux  terres ,  tes femmes  
 vont  accommoder  le  chanvre du Seigneur, faire  la  lelfive , ou les  
 autres ouvrages de leur diftriét :  en cas de mécontentement on leur  
 donne le kantzouk, ainii  qu’aux hommes. Si  des Efclaves  tâchent  
 de fe fouftraire  à cette tyrannie ,  en fe fauvant du V illage, les Seigneurs  
 voifins  les renvoient bientôt ;  par une  convention  faite en-  
 tr’eux  :  ils font alors punis fi févérement, qu’on eft rarement obligé  
 d’avoir recours à de pareils-exemples.. 
 Les Polonois  ont toujours: un  grand  nombre  de Domeftiques,'  
 qu’ils choifiifent parmi leurs Efclaves ton leur diftribue unë  certaine  
 quantité de pain  par femaine,  & par  jour un potage  fait avec une  
 efpece d’orge, des choux,  & du fel  : on leur donne en même-temps  
 la livrée, des bottes, des bas , &  un  louis par an pour leur entretien. 
 La  façon  de  voyager  des Polonois  exige  qu’ils ayent une  fuite  
 confidérable  de Domeftiques  ;  car  ils portent  avec  eux tout  ce qui  
 eft néceifaire à l’ufage & aux commodités de la vie, toutes les provi-  
 ■ fions de bouche,  les  uftenfiles  pour  les  accommoder,  des tables,  
 des chaifes &  des  lits,  même  lorfqu’ils  vont  chez  leurs  amis ,  qui  
 n’en ont  jamais  que  le  nombre néceifaire à leur  famille. Us fuppo-  
 •fent que les Voyageurs ont toujours  leur lit avec eux. 
 Le feul Payfan paye les Impôts en Pologne ;  ils y font très modi-  
 •ques  :  le  principal  revenu des  Seigneurs confifte dans le grain,  le 
 beure & le miel  ;  les abeilles le dépofent' dans  le  tronc  des  arbres,'  
 au  milieu  des  bois.  Ceux  qui  font  convaincus  d’avoir  enleve  du  
 miel qui  ne  leur appartenoit  pas  ,  font  condamnés  à  mort  :  leur  
 Procès fa it,  on  les  attache nuds à l’arbre où eft la ruche à miel ; on  
 leur ouvre  le  ventre vers le nombril, on fait fortir par cette ouverture  
 tous  les  boyaux,  qu’on  entortille autour  de l’arbre,  & on  Ie3  
 laifle  ainfi mourir de  la mort  la  plus  cruelle. Cette  punition n’eft  
 cependant prefque plus en ufage aôtuellement. 
 Toute la Noblelfe ne jouit pas à beaucoup près du même état eri  
 Pologne  :  la  plupart  ont  des biens fonds ;  d’autres» ne jouilfent ope  
 des bienfaits du Roi. Le Monarque ne peut y  être que bienfaifant,  
 &  ne peut jamais y faire du mal.  Il n’appartient qu’au Souverain de  
 donner  des  Starofties, ou Terres confidérables.  Une famille n’a  le  
 droit d’en jouir que jufqu a la mort du pere,  à moins que le Souverain  
 ne la donne de nouveau à fes héritiers.  Il arrive quelquefois que  
 des Polonois  très  opulents  tombent  tout-à-coup  dans  la mifere  :  
 toute  la  famille  eft  alors obligée  d’entrer au fervice desRiches,  &  
 fouvent des Etrangers quiréfident à Varfovie. 
 Cet état de fervitude ne dégrade pas-enPologne : un jour de Diere  
 le Gentilhomme domeftique quitte fon Maître pour aller donner fa  
 voix. Il obtient quelquefois  une Staroftie,  &  devientà fon tour un  
 grand  Sei-gneur. 
 Tous les Grands de  la Pologne donnent le nom de Palais à leurs  
 Hôtels,  qu’on  ne regarderait  ailleurs que  comme des maifons  de  
 très petits Particuliers. Quelques-uns  font  cependant  alfez beaux,  
 fur-tout le Palais du Grand Maréchal, 
 Je partis le  1 7  de Varfovie, avec M. Favier : nous traversâmes-la  
 ~Viftule fur la  glace ;  elle a  dans  cet endroit foixante toiles environ  
 de largeur. Nous paflames le  28 par le Village de Pirdeleiova. Cinq  
 François de  la  même  famille  avoient  été  alMinés  quelques  jours  
 auparavant par des Rulfes auprès de  ce Village.  La mere, du  nom