» régulier. Les Lamas ou Prêtres qui ont la conduite des- Tem-
v plès dans toute l’étendue du Royaume, font tirés du Collège
des Difciples ; les iîmples Lamas officient en qualité d’Affiftants
» dans les Temples &c les Monafteres. Le nombre de ces Lamas eft
» incroyable, ils font communément des plus ignorants.
» Bentink raconte que plus de vingt mille Lamas habitent au
» pied de la montagne de Putola , où le Dalai-Lama fak fa refî—
'» dence. Ces Lamas environnent cette montagne en demi-cercle à
» différenrs degrés de proximité , fuivant que leur rang ou leur di-
.» gnité les rendent plus ou moins dignes de s’approcher de leur fou*-
> verain Pontife,
» Le grand Lama ayant renoncé à toutes les affaires temporelles,'
> même depuis la donation qui lui a été faite du T ib e t , il choiiît
a un Vice-Roi pour gouverner en fon nom & par fon autorité fes
» Etats. C e Vice-Roi eft connu fous le nom de Tipa, que d autres
'» écrivent Devii : il fait faréfidence aTonket, capitale du T ib e t ,
» à peu de diftance de la montagne de Putola.
.. Les Peres Grueber &c Deiideri, Jéfuites, ainfi que le Fere
» Horace de la Penna, Capucin, ont remarqué une grande con*-
» formité entre les pratiques de notre Religion & celle du Tibet.
» Quelques-uns de ces Miniftres évangéliques fe font imagine
'» que le Chriftianifme ayant été prêché dans ces régions du temps des
» Apôtres ; il en eft refté des traces dans les anciens livres des Lamas.
» Leurs conjeétures ont plufieurs fondements. i°. L ’habillement
» des Lamas, qui reffemble allez à celui des Apôtres-z°. Leur fubor-
.. dination , qui a quelque rapport avec la Hiérarchie Eccléfiafti-
» que. 30. Une reffemblanee fenfible entre leurs cérémonies & celles
„ de l’Eglife Romaine. 4°..Leur idée d’une incarnation., y0.. Les
> maximes de leur morale.
» Gerbillon remarque avec étonnement que les Lamas ont l’u-
'«■ iage de L’eau-bénite , 1e chant dans le Service Eccléfiaftique ,
» la prierepoür les morts ; que leurs habits reffembleftt à celui fous
» lequel on repréfente les Apôtres ; qu’ils portent la mitre comme
» nos Evêques ; enfin que le grand Lama tient à-peu-près parmi eux
» le même rang que le fouverain Pontife dans l’Eglife Romaine.
»> Grueber va plus loin : il affure que fans avoir jamais eu de liaifon
» avec un Européen, leur Religion s’accorde fur tous les points ef~
» fentiels avec la Religion Romaine. Ils célèbrent un Sacrifice avec
» du pain & du vin ; ils donnent l’extrême-onéHon ; ils bénillènt
» les mariages ; ils font des prières pour les malades ; ils font des
» procédions ; ils honorent les reliques de leurs Saints,. ou plutôt
»> de leurs Idoles ; ils ont des Monafteres & des Couvents de Filles ;
» ils chantent dans leurs Temples comme les Moines Chrétiens ;
» ils obfervent divers jeûnes dans le cours de l’année ; ils fe morri-
.. fient le corps, fur-tout par l’ufage de la difcipline ; ils confacrent
» leurs Evêques ; ils envoient des Millionnaires qui vivent, dans une
» extrême pauvreté, & qui voyagent pieds nuds jufqu a la Chine;
» Je ne rapporte rien, dit Grueber, que fur le témoignage de mes
» propres yeux.
» Horace de la Penna tend témoignage de ion côté que la reli-
» gion du Tibet eft comme une image de celle de Rome. On y
» croit unfeul D ieu , une Trinité,, mais remplie d’erreurs, un Pa-
» radis, un Enfer,. un Purgatoire , mais aveG un mélange de fa-
» bles. On y fait des aumônes , des prières , & des facrifices pour
» les morts. O n y voit un grand nombre de Couvents, où Tonne
» compte pas moins de trente mille Moines, qui font les voeux de
» pauvreté, de chafteté d’obéiffance, & plufieurs autres. Ils ont des
» Confeflèurs que les Supérieurs choififlent, & qui reçoivent leur
» pouvoir du Lama comme d’un Evêque ; fans quoi ils ne peuvent
» entendre les confeffions, ni impofer des pénitences. La forme de
» leur Hiérarchie"n’eft pas différente de celle de Rome; car ils ont
» des Lamas inférieurs choifis par le grand Lama, qui ont l’auto