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 ces  climats  glacés  un  peuple  ignorant  &   greffier.  L'influence  
 a&uelle  de  la  Rulïie  dans  le  fyftême  politique  
 de  l’Europe montre  affez  les  avantages  qu’on  peut tirer  
 de  la connoiffance  de  ce  peuple &  du pays  qu’il habite.  
 Je n’entreprends point d’en donner l’hiftoire ; je  me borne  
 à   ajouter  de  nouvelles  connoiffances  à  celles  que  nous  
 avons  ; je   rapporte des faits  propres  à répandre  du jour  
 fur fon hiftoire  civile ,  morale  &  politique.  C ’eft  l’objet  
 de  la  première  partie  de mon  Ouvrage.  L es  deffins  ne-  
 ceffaires à  la defcription des moeurs font de M. le Prince »  
 de  l’Académie  de Peinture : on reconnoit dans la  beauté  
 de  fes  com p o r tio n s ,  la  fécondité  de  fon  génie  &   fon  
 rare  talent  pour  rendre  le   coftume  &   la nature,  qu il  a  
 étudiés  en  Ruffie. 
 L a  fécondé partie a pour objet la Géographie. Quand  
 on  cherche  une  exactitude  févere  dans  cette  branche  
 des  connoiffances  humaines,  on vo it  a vec  etonnement  
 combien elles font bornées  a  cet  égard.  On  connoiffoit  
 à   peine  en  1 7 6 1 ,   quelques pofitions déterminées aftro-  
 nomiquement  depuis Strasbourg jufqu a T o b o lsk   en  Sibérie  
 ’.c e tte   diftance  eft cependant de douze  cents lieues  
 environ.  M. Caffini deT h u ri a reCtifié,  dans  fon v o y a g e   
 à V ie n n e ,  cette  ancienne  G éo g rap h ie ,  par  des  obfer-  
 vations géométriques, depuis nos frontières jufqu’à cette  
 capitale  de l’Autriche. 
 A id é   de quelques  obfervations  de M. D e m i e ,  faites  
 en  Ruffie  ,  &   de  celles  que  je   fis  en  Sibérie  en  revenant  
 de  T o b o ls k ,  j’ai  établi  la  partie  géographique 
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 de  cette  contrée  d’après  un  canevas  fondé  fur  des  obfervations  
 ailronomiques  :  j ’ai borné  cependant mon  travail  
 à  la  feule  route  que  j ’ai  parcourue.  Il  n’eft  pas  
 poffible de conftruire  une  Carte  d ’après  lesfeuls  éclair-  
 ciffements  qu’on  peut  tirer  de  ces  p eu p le s ,  fu r - to u t  
 pour les  endroits dont  ils  font  éloignés.  J’apportai d ’autant  
 plus  de  foin au  détail  de  ma  route  ,  que  les Cartes  
 Ruffes  qui  forment  l’Atlas terminé  en  1 7 4 5 ,   nepréfen-  
 tent  qu’un canevas très  imparfait de la  géographie  de  ce  
 pays.  O n   y   vo y a g e   quelquefois  fans  trouver  fur  ces  
 Cartes  une  feule  pofition  dans  des  efpaces  de  près  de  
 cent  lieues.  L a   route  de  Cazan  à  Offa   eft  dans  ce  c a s ,  
 quoiqu’on  traverfe  la  partie  du  pays  la  plus  p e u p lé e ,  
 &  qu’on  rencontre  à  chaque quart  de lieue  des  poteaux  
 o ù  les diftances font marquées.  Je donne  dans  cette  partie  
 tout  le  détail  des  matériaux  que  j ’ai  employés ,  afin  
 qu’on puiffe  juger  du  degré  de  précifion  de  mes  réful-  
 tats  ,  &   les  reftifier  par  les  nouvelles  connoiffances  
 q u ’on  peut  avoir  avec  le  temps. 
 Il  feroit  bien  à  délirer  que  les  Géographes  accompagnaffent  
 leurs  Cartes de mémoires  inftructifs,  où l’on 
 pût s’affurer des  fondements  de  leur travail.  Quelquesuns  
 l’ont  fait  dans  certaines  parties  dé  leurs  ouv ra g e s, 
 &  en  particulier Mrs.  D e li lle ,  B u a ch e , Dan v ille   &  Bellin. 
   C ’eft  la  feule  route  qu’on  puiffe  fuivre  pour  faire 
 des  progrès  dans  la  Géographie  :  on  ig n o r e ,  fans  ces 
 mémoires  ,  quelles  font les  parties  perfectionnées d ’une 
 C a r t e ,  celles  qui  demandent  à   l’être  :  fo u v en t,  dans  le 
 a ij