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 l’ame. O n ne pourra néanmoins entrer en Paradis qu’à la fin de chaque  
 monde  ; mais  les  hommes qui  meurent dans un état de  fain-  
 teté, font dans une grande place fituée devant'le Paradis  ,  d’où  ils  
 voient les  Dieux en attendant la réfurrection. 
 Ces  Peuples  admettent un  Enfer où 1 on fouffre de grands tourments  
 ;  on  en  fort à  la fin  de  chaque  monde  pour  venir  repeupler  
 le nouveau, ainfî que  je  l’ai  déjà  dit,  &  l’orrn’entre en Paradis  
 qu’autant qu’on  a pratiqué la  vertu  pendant qu’on  étoit  fur la  
 terre. 
 Les  réprouvés les moins  criminels font fur un cheval  de  bronze  
 perpétuellement rouge par  la vivacité du  feu qu’on entretient dans  
 fa capacité. U n   réprouvé  preifé de la fo if,  jouit de la facilité  de fe  
 transporter au bord d’un étang ou d’une riviere ; mais fi-tôt qu’il en  
 veut approcher, il en fort des couteaux &  des fabres qui 1 empechent  
 de boire. Des  diables ont la direction des Enfers. 
 L ’Antechrift fera conçu par une Vierge, fille du Roi du Japon,  
 &  par le Dieu des Enfers Herlick-han, 
 H e r l i c k - h a n   (i)  ,  fignifie  Dia b le ,  Satan, Roi.  Il  eft 
 (i)  H e r l i c k - h  a n .   (N?.XVII. ) 
 Cette  Idole  eft  repréfentée dans un Tableau de deux pieds de haut environ,  fur  un  
 pied de large ( l’Original eft réduit au  tiers dans l’Eftampe).  La toile eft  de  lin  :  elle eft  
 imprimée  par derrière d’une couleur  blanche  en  détrempe j  la peinture eft  aufli en de-,  
 ■trempe  (*). 
 Herlick-h^n eft placé dans  lç milieu du Tableau. Sa- coujeur eft 4 W bleu tre§ fonce. Sa 
 {*)  On n’a fait aucun changement dans les deifins  fuivants , excepté  dans  celui de Herlick-han.  On a  
 fupprimé le Priape avec Tes acceiToires.  Tous les deifins  de  ces Idoles  ont été  faits  d’après  les  originaux  
 que j’ai apportés de Sibérie, & que les RufTes avoient eus des Calmoucks ,  lorfqu’ils abandonnèrent  leur  
 pays en  i 7J7.  Je les ai fait  voir à des Calmoucks inftruits ,  à un de leurs Prêtres ou Lamas  , &  nonTeu-  
 lement ils  les ont reconnues , mais encore ils m’en  ont donné les  noms 8c la mythologie.  Ces  Idoles  fon*  
 donc des monuments authentiques de la Religion de ces Peuples. 
 Le Leéteur trouvera peut-être que je me  fuis  trop appesanti fur Ja defcrjptipn de ces Divinités, 
 J'ai fuivi ce P ian,  dans l’eipérance que ces détails  foùrniroicnt les moyens  de comparer  exactement ces 
 cruel 
 cruel &  méchant.  C ’eft lui qui juge les hommes, ils croient que les  
 autres divinités ont  trop de  bonté  pour  condamner  les  coupables. 
 tète  a  quelque  rapport  à  celle  d’un chat en fureur.  Il a deux grandes  cornes.  Ses  yeux  
 font  rouges  8c  les  prunelles noires.  Le bout  du nez eft rouge  ,  fes  fourcils  font  enflammés. 
   Il  a  un  oeuil  au  milieu  du  front  ,  &   de  la même  couleur  que  les  autres.  
 Sa  bouche  eft  ouverte  8c très  fendue.  Elle  eft  rouge,  armée des  deux  côtés  de  deux  
 grandes  dents  j  le  refte  de  la  mâchoire  eft garni  des  dents  ordinaires.  On  voit  aux  
 deux  côtés  de  fa bouche  deux  touffes  en  or  qui  forment  un  triangle,  8c  une  fem-  
 blable  au - deflous  du  menton  en  forme  de  barbe.  On  obferve  fous  fon  cou  une  e£-  
 pece  de  collier  avec  de  petits  cercles  blancs 8c  un rond  autour  formant une  médaille  
 qui  lui  tombe  entre  deux  groflès  8c  larges mammelles.  Sa  tête  eft  coëffée  de  cinq  
 têtes de morts.  Elles ont  au-deffus  des  eipeces  d’ovales ,  dont  le  milieu eft  bleu  foncé. 
   Ses oreilles font femblables  à celles d’un âne, mais  rouges en  dedans.  Elles  portent  
 à leurs  extrémités deux cercles blancs faits en pendants d’oreilles.  La tête eft fur un  fond  
 formé  de  traits  flamboyants en  or.  Il tient  dans  fa main  droite une  efpece  de maffue  
 blanche difpofée  par anneaux.  Elle  reffemble à l’épine  du  dos  d’un fquelette  d’animal.  
 Elle  eft  entortillée  parle  haut d’une  draperie rouge,  flottante  ,  8c fe  termine  par une  
 tête de mort. Les  bouts  des doigts de fes  mains 8c de fes pieds  ibnt armés de griffes.  Il  
 tient  à fa main  gauche  une  corde en forme de difcipline, dont  les extrémités font  garnies  
 de deux anneaux de fer j 8c on obferve dans un de  ces  anneaux  une pointe  fous  la  
 forme d’ardillon. L’intérieur de fes mains -8c la plante de fes pieds font  rouges.  On  voit  
 fur  fes  cuiffes des  têtes humaines  garnies  de  leurs  cheveux. Elles  font  toutes  rouges  
 8c attachées, à un cordon  qui  eft  fur  fes  épaules  en  forme de  bandoulière.  Son  Priape  
 eft  en  ére&ion.  Le  bout  du  gland  eft rouge ,  fes  tefticules font gros 8c  reflemblent  
 a ceux d’un homme ( fupprimés dans la gravure ) j  les pieds  de  cette  Idole font pofés  fur  
 un  animal.  Qn  voit  à  fes  bras 8c  à  fes poignets  des  eipeces  de braffelets  blancs.  Le  
 fond fur lequel ce Dieu eft placé eft  compofé  d’ornements contournés en or 8c  en  rouge.  
 Çes ornements finiffent en efpece de flammes  rouges  fur un fond de  nuages  très bruns ,  
 femblables a de  la  fumée. 
 La  figure  fituée à fa. gauche  eft aufli bleue. Elle lui préfente un yafe blanc fait en forme 
 Idoles  à  leurs femblables, qu’on  a recoeuillies. dans  différentes contrées  du Globe,  quoique  très  éloignées  
 , &  que  cette comparaifon pourroit jetter  un grand jour fur la Religion duTibet. 
 La plupart de ces Idoles  font dé bronze ,  de glaife , d’autres font peintes.  Elles peuvent par  confoquçnt  
 nous  faire  connoître  l’état  des  Arts parmi ces Peuples, & nous donner une idée de leur génie.  . 
 Tous  leurs  Tableaux  font peints par des teintes  plates, ainfi que ceux des Chinois.  J’avois  cru  entrevoir  
 que les Calmoucks avoient  un fyftêmc de couleurs pour exprimer leurs idées, ainfi que nous en ayons  
 dans le blafon , & qu’on pourroit même déterminer la contrée où cette Religion a pris naifiancç  par la nature  
 des ornements & des plantes analogues à  ces Pays 5 mais en refilant mon Ouvrage, je n’ai pas été allez  
 fàtisfait de mes-réflexions fur ce  fujet j je les ai fupprjmées, & me fuis borné à rapporter  des faits. - 
 Tome 1.  Q  q 
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