leur butin lorsqu'elles arrivent : aufïï les déferts d'e la partie méridionale
delà Ruflie, principalement de la Sibérie, font les armes les
plus formidables que les RuiTes puiffènt oppofer à ces Peuples :
çes contrées n’étant pas habitées, les Tartares ne peuvent pas en
piller les Villages ; la plupart n’ofent avancer dans l’intérieur du
Pays , à çaufe des Troupes confidérables que les RuiTes entretiennent
fur ces limites, & ces derniers tâchent de vivre en paix avec
les autres.
Les RuiTes ont cependant de grands avantages fur ces Tartares ;
qui pour la plupart ne peuvent oppofer que des fléchés aux armes
à feu des RuiTes, On trouve parmi ces Peuples vagabonds, des Nations
qui ne connoiflent pas même les armes à feu ; mais tous ces
Tartares font guerriers & courageux. Un événement que j’ai fü de-
. puis mon retour à Paris , par M. le Chevalier de Saint-Pierre ,
attefte que quelques-uns ne connoiflent pas les armes à feu ; &
il fait connoître en même-temps l’efpece d’hommes que les RuiTes
ont dans leur voifinage. Un gros détachement de ces Tartares s’approcha,
il y a quelques années, des lignes de Sibérie ; le Commandant
d’un des Forts Rufles les ayant apperçus, & ignorant l’intention
de ces Tartares en troupe, leur fit favoir qu’il feroic faire feu fur eux,
s’ils ne fe retiraient. Ces Tartares s’affemblent , & après avoir
tenu confeil, ils envoient prier le Commandant d’ordonner qu’on
fit feu ; on le fit. Plufieurs d’eux ayant été tués pat une canonade ,
ils s’éloignèrent un peu , tinrent un nouveau confeil, & envoyèrent
prier de nouveau le Commandant de faire feu : ils s éloignèrent
encore , & ne décampèrent qu’à la troilîeme canonade. Cet événement
fuppofe un Peuple qu’il feroit dangereux pour la Ruflie d’inf-
truire dans l’art milicaire.
La révolution arrivée chez les Calmouks Zongores ( i ) , nous
m m quelques Aut eurs , Calmijczs Z.ungores , Kalmouks ? oq Calmoucjues
Pfongares.
donne
donne encore une idée de ces Peuples. Cette Nation étoit devenue
il puiflànte fous le regne de Kaldan-Tcherin leur Kan , que les
Chinois & les RuiTes redoutoient également ce Prince. Il mourut
en 1746 ; fa mort excita une guerre civile entre fesSucceifeurs, qui
entraîna la ruine de cette Nation. Les Chinois l’affoiblirent d’abord
en favorifant tour à tour chacun des Prétendants ; & après une guerre
de dix ans, ils accablèrent le nouveau Kan, en 1757 , & détrui-
firent Tes Sujets, dont le refte infortuné, au nombre de vingt
mille Familles* fe fauva fur le Volga, fous la protection de la
Ruflie (1).
Plufieurs autres branches des Calmouks habitent encore dans
cette partie de l’Afie. Us ont confervé le courage & la bravoure
qu ils avoient du temps de Gengis-kan & de Tes Succefleurs.
C ’eft avec ces Peuples que ces. Princes firent tant de conquêtes
donnèrent la loi à l’Afie. Les Mongales fitués entre la Chine
& la Sibérie defcendent des mêmes Tartares, & ils ne fonc pas
moins courageux. La plupart dépendent de la Chine; ils font
parfaitement aguerris. Les Chinois font Ja guerre avec ces Nations
belliqueufes (i). Auffi le dernier Kan s’étant retiré en Sibérie
, où il mourut, l’Empereur de la Chine le reclama fi vivement
, que les Rufles , après avoir fait beaucoup de difficultés
, furent obligés de tranfporter le corps de ce Prince fur les
frontières de la Chine ; les Chinois prétendoient pouvoir s’afliirer
par ce moyen de la vérité de la mort de ce Kan, qu’ils redoutoient
encore.
Les Peuples Ruffes qui habitent vers le Midi de la Sibérie, quoi(
i) On donne ailleurs le détail de çe iingqlier événement qui fait mieux çonnoître
cette Nation.
| (1) Il faut bien distinguer ces Peuples des Chinois j ces derniers forment demauyaifes
Troupes, fuivant différents Auteurs,
Ton? h L 1