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 faifant  le  ligne  de  la Coix avec  trois  doigts,  malgré  les  coups de  
 bâton dont  on ne  ceffoit de l’accabler. 
 Ces  perfécutions augmentoient  chaque jour  le nombre des Sectaires  
 :  plufieurs Croyants abjuraient  leur Religion ,  dont les Mi-  
 niftres ne  refpiroient que  le fang & le carnage  ;  &  ceux  qu on aurait  
 pu convertir,demeuraient fermes dans leur erreur. O n  n a jamais  
 converti un feul Razholniki. 
 Dans ces circonftances  le Souverain vient au fecours de fes fidèles  
 Sujets,  comme  un  pere au feçours  de fes enfants ;  la Religion  
 le lui ordonne,  &  la fureté de fes  Etats le demande ; aufli Pierre R 
 mepts établis pour le  fervice des pauvres de  leur fexe. On dçftinera quelques Monafteres  
 pour tous les orphelins de l’un 8c de l’autre fexe, privés des fecours de leurs parepts ; pour  
 les bâtards ou  ceux qui font regardés comme tels. On élevera les garçons jufqu’à 1 âge de  
 fept ans ; après quoi on les enverra dans les Ecoles, Les filles apprendront à lire ,  8c différents  
 Métiers, comme à filet, coudre, faire des dentelles. C eft dans cette vue que 1 on fera  
 venir du Brabant  des orphelines inftruitçs à ces  fortes d’ouvrages ,  pour entrer dans nçs  
 Couvents  de  Filles  ,  8c  les  inftrùire. On aura foin de faire dans  les  Monafteres  deftines  
 aux orphelines, des paiTages  qui aboutiffent aux portes de  l’Eglife, afin que l’on puiffe y  
 aljer  entendre  l’Office  Divin ,  fans entrer dans le Monaftere. Dans les  autres Monafteres  
 de Femmes, on fera  auffi  des Tribunes pour chanter l’Office. 
 XIV.  Quand les garçons auront  atteint  l’âge de fept ans , ç>n  les mettra dans d’autres  
 endroits, parce qu’il ne convient pas qu’ils reftent dans les Monafteres. C ’eft à quoi feront  
 propres les Couvents vuides  dont on  a tiré les Moines. On établira pour les orphelins des  
 Ecoles, où on leur apprendra pon-feulement leur Religion, mais ençore l’Arithmétique 6ç  
 la Géométrie. 
 Les autres Articles ont pour objet l’établiffement de deux Séminaires ; l’un à Mofcou,  
 Sc l’autre à Saint-Pétersbourg ;  les moyens dont  on  doit fe  fervir pour inftrùire ceux qui  
 fè deftinent  à l’Etat Eccléfiaftique, 8c la difciplipe qu’on doit obferver  dans  ces Maifons.  
 Ces derniers Articles ayant beaucoup de rapport à ce qui fe pratique dans nos Séminaires,  
 j’ai cru pouvoir les fupprimer. D ’ailleurs cette Ordonnance n’a été exécutée qu’en  partie,  
 Pierre 1er étant mort un an après fa publication. L’Impératrice régnante a privé les Moines  
 4’une partie des biens qui leur reftoient. C’eft Ujti sûr moyeu d’en diminuer le nombre. 
 perfuadé  de  .toutes  ces  vérités  ,  donna  les  ordres  les  plus  précis  
 pour que les Razholniki n’éprouvaifent aucune perfécution ; &  par  
 quelques  exemples  féveres,  il  rendit  les  Prélats  vraiment  Chrétiens  
 &   Citoyens  (i). 
 Après la mort  de Pierre I?r, les perfécutions  fe  renouvellerent,  
 par la foibleife des fuccefleurs de  ce  grand  Homme.  Pendant mon  
 fejour à Tobolsk ,  plufieurs de ces malheureux étoient dans les priions. 
   On  fes  en  retirait  quelquefois dans les grandes Fêtes,  pour  
 leur  faire  voir les Cérémonies  de l’Eglife ,  dans la  vaine  efpérance  
 qu’ils en feraient touchés. 
 fe  m’entretenois  quelquefois avec  l’Archevêque & les Abbés de  
 çe Pays  ,  du  Schifme  des  malheureux  Razholniki.  Je  demandai  
 un jour en plaifantant,  à  * * *  ,  fi ces  Sectaires , qui ne vouloient  
 dire que  deux  fois Alléluia ,  iroient en Enfer  ou  en Purgatoire ;  
 car en Paradis,  il ne  falloit pas y penfer. Auffi-tôt fon vifage prit la  
 couleur  du  plus  vif .écarlate  3  fes  yeux  étincelants  annoncèrent  
 d’avance  fa  réponfe  :  nous  n’avons  point,  dit-il,  de  Purgatoire  
 pomme dans votre Eglife Latine 3 ils  feront damnés fans  rémiffion.  
 11 np put pas m’en  dire davantage.  C e  Miniitre de Dieu , d’ailleurs  
 rempli de meçurs, &  toujours prêt à fecourir les malheureux ,  aurait  
 cru faire une  aétion bien méritoire ,  s’il  avoit  pu m’anéantir dans  
 ce moment. 
 Parmi le nombre des Saints dont les Rufles font les Fêtes,  Saint  
 André eft, après Saint Nicolas,  un de  ceux auxquels  ils pnt le plus  
 de  confiance.  Ses  Reliques  fonp  à  Nowogorod.  Le Clergé prétend  
 que dans le temps de la réparation de l’Eglife Grecque & de la  
 Latine, il partit par mer de Rome, où il s’embarqua fur une meule  
 de moulin : 1 aviron  étoit  un  rofeau  qui  s’étoij:  pétrifié à  l’inftant  
 que la meule serait mife en mouvement. Ses équipages le fuiyoient 
 Jpl Lemoc Ci.toyençxpnme ici une vertu, dont l’çbjet eft le bien généra] de l’Etat. 
 Tome L   T