palïames cette riviere vers fa fource le 18 dans un bac; nous arrivâmes
le 19 àCracovie, & le z z à Varfovie.
Varfovie eft la Capitale de la Pologne : c’eft une très belle V ille,
on y trouve de très beaux bâtiments ; mais il eft fîngulier quil n’y
ait pas une feule Auberge. Un Etranger qui y arriveroit fans con-
noilTance , ferait expofé à coucher dans la rue. Les Polonois font à
la vérité il hofpitaliers, que ces trilles événements font au-moins
très rares. J’y reçus les plus grandes marques de bonté de M. le Marquis
de Paulmy , notre Ambaifadeur. Il me préfenta au feu Roi le
a ; , au Prince de Curlande.
Le fexe en général eft beau dans la. Pologne ; les femmes y font
aimables, leur efprit eft cultivé par la lecture & la connoiffance de
plulieurs Langues : en cérémonie, elles font communément habillées
à la Françoife ; en négligé, elles portent un habit Polonois :
c’eft une efpece d’habit de cheval, mais des plus galants.- Elles ont
au lieu de coeffures un bonnet à la dragonne ; cet ajuftemént fied
admirablement à celles qui font bien faites. Elles aiment la fociété
& les plailirs, ceux de l’amour y font peu connus ; leur Vertu
à cet égard tient cependant plus à la fuperftition qu’aux moeurs
civilifées , au climat, & aux vrais principes de la Religion. C ’étoit
alors le carnaval, temps confacré aux plailirs : les Ambafladeurs
& quelques Grands de Pologne donnoient des Fêtes des plus diff
pendieufes : l’ennui, compagnon de l’étiquette & de la cérémonie
, y joùoit toujours le premier rôle ; les plailirs voloient a la
Redoute.
La Redoute eft un Spectacle femblable à quelques égards au Bal
mafqué de Paris : elle eft compofée de plulieurs appartements; on danfe
dans les uns, on joueaux jeux de hazard dans un autre, & le quatrième
appartement eft une falle de rafraîchilTement. Les Polonois
y paroiffent en habit mafqué , & fouvent., fuivant le coftume du
Pays, cet habit eft une longue robe ; ils portent deffous une foubre-
vefte, & un bonnet fur leur tête rafée. Les Polonois font ordinairement
grands & bien faits : tout refpire en eux la liberté.; ils pa-
roilfent vous dire par la fierté de leur maintien, de refpecter les
jeunes Polonoifes qu’ils ont choilies pourdanfer avec eux. La phy-
lîonomie douce & agréable de ces dernieres , la vivacité de leurs
yeux , leur taille délicate , & leur légéreté, font un contrafte lingu-
lier avec les Polonois.
Dans ces Bals, la danfe Polonoife eft la dominante; lesDan-
feurs font un cercle aulïi grand que la falle le permet ; ils tournent
autour de cette falle chacun avec fa compagne , les perfonnes les
plus diftinguées à leur tête : l’homme agit peu , ne faifant que des
pliés ; la femme, que le cavalier tient par la main , fait plus de mouvement.
Cette danfe fe fait au fon d’une mulique aulïi trifte & aulli
ennuyeufe que la danfe. O ii prétend qu’elle eft remplie de dignité.
Ap rès la Polonoife, les danfes. Angloifes font le plus en ufage ; leur
vivacité dédommage de la lenteur des premières.
La Pologne eft alfez peuplée : laNoblelfe y jouit delà plus grande
indépendance, & la Nation eft alfervie par les Puilïances voilines ;
fon Gouvernement anarchique offre un Souverain fans autorité»,
lin Etat fans défenfe, à la merci de ceux qui voudront s’en emparer.:
les terres appartiennent aux Nobles ; ils en diftribuent une certaine
quantité aux Payfans, qui font leurs efclaves ; ils leur donnent aulli
des beftiaux. Le Payfan retire tout le fruit des terres qui lui ont été
données ; mais il eft obligé de travailler avec fes boeufs & fes chevaux
quatre jours de la femaine, à labourer les terres du Seigneur ,
ou à ce qu’on exige de lui, même à tous les ouvrages domeftiques.-
Chaque Seigneur a une efpece de Fermier, qu’on appelle Podjia-
rofie ; il lui donne un certain revenu en argent ou en terre , &
pelui-çi a fous lui un Wout ou Sous-Fermier, qui rend compte tous