parmi cette Nation. L ’Empereur reçut Amour-Saman avec la plus
grande diftinétion, il fut reconnu Tlîn-wan ( Prince du premier
rang ) par le Bokdo-Chan, Chinois, & envoyé en Calmoukie à la
tête d’une armée Chinoife. Le Kan Debatchi fut à la rencontre d’A -
mour-Saman, & lui livra bataille. Mais Debatchi ayant été battu
& mis en fuite, fon ennemi le pourfuivit, le fit prifonnier dans la:
ville de Tourfan ( i ) , & les Chinois le conduifirent à Pékin.
La Cour de la Chine en donnant du fecours à Amour-Saman
lui avoit promis de le placer fur le trône de Calmoukie; mais elle
ne fongeoit guere à effectuer cette promeffe. En effet le Kan Debatchi
fut reçu à Pékin avec les plus grands égards, & plutôt comme
un Allié, que comme un Ennemi. Amour-Saman comprit alors
que la politique Chinoife avoit uniquement en vue de détruire fe
Nation. Animé par ces idées, il excite fecréteroent à la révolte les
Calmouks & les Moungales qui faiibient partie||jg l’armée Chinoife,
il fe met a leur tête , tombe fur un corps Chinois endormi dans
la fécurité, le défait entièrement & fe retire en Calmoukie , pour-
fuivi par le relie de l’armée. Il attire dans fon parti quelques troupes
Zongores , il attaque avec ce fecours l’armée Chinoife/, &
l’oblige de fe retirer dans le plus grand défordre. Amour-Saman
prend alors le titre de Contaifch , & fe difpofe à foutenir fes droits.,
Une partie de la Nation le reconnoît, l’autre relie fidele au Kan,
Debatchi, toujours prifonnier à Pékin. Différentes Hordes de
Moungales fecouent ouvertement le joug Chinois, tout femble annoncer
une guerre fanglante. L ’Empereur de la Chine envoie en
Calmoukie une armée formidable, il donne la liberté aux Cal-
mouks qui avoient été faits prifonniers à la défaite du Kan Debatchi
, les comble de bienfaits,,. & ils fe réunifient aux troupes Chili)
LaVilte de Tourfan ou Turfan eft fituée vers les limites Boréales de la petite Boilr
karie. Cette bataille fe donna en 1754.
üoifes, perfuadés qu’ils vont combattre pour leur Souverain Debatchi
, que l’Empereur de la Chine garda toujours auprès de lu i,
pour s’affurer de la fidélité des Calmouks.
A l’approche de l’armée Chinoife, la plupart des Hordes Moungales
révoltées rentrèrent dans l’obéiffance, & leurs Chefs arrêtés &
envoyés à Pékin, y furent punis de mort. Les Princes Zongores qui
étoient dans l’armée Chinoife , débauchèrent la plus grande partie
des troupes d’Amour-Saman ; il fut battu & fe fauva chez les mêmes
Kirfi-Cofaques où il avoit accompagné Debatchi.
Ces Peuples, qui ne vivent que de pillage & de rapines, voyant
les Calmouks-Zongores épuifés par ces guerres civiles , & hors d’état
de leur réfifter, entrèrent en force en Calmoukie, portant partout
où ils paffoient des fers, la mort & la défolation. D ’un autre
côté ,les Chinois tenoient la même conduite, fous prétexte de fe-
courir les Calmouks. C e Peuple infortuné , attaqué de toutes parts,
abandonna fa terre natale à fes ennemis, & fe fauva vers la Sibérie
au nombre de vingt mille Familles , & enfuite fur les bords du
Vo lg a , fous la protection de la Ruffie , & la plupart devinrent fes
Sujets.
Amour-Saman n’étant pas en sûreté parmi les Kirlî-Cofiques, fe
retira vers les frontières de la Sibérie, dans des déferts & des montagnes
prefque inacceflîbles ; pourfuivi par-tout par les Chinois, il fe
réfugia,'en 175 7 , en Sibérie, & mourut à Tobolsk.
Les Chinois furent à peine informés qu’Amour-Saman s’étoit retiré
en Sibérie , qu’ils demandèrent qu’on leur livrât ce Prince, ou ,
fuivant la relation Ruffe, qu’il fut enfermé pour toujours.On convint
après, fa mort, que fon corps feroit tranfporté fur les frontières de la
Sibérie. Les Chinois y envoyèrent plufieurs fois des Commiilàires-
pour l’examiner. J’ai laiffé à Tobolsk , à mon départ de cette V ille ,
deux Ambaffadeurs Calmouks, qui avoient été envoyés à Saint-
Pétersbourg avant le regne d’Amour-Saman , pour demander la •