de trente mille hommes dans l’armée de Campagne. Si Ion confidere
enluite le grand nombre de Soldats détachés desRégiments, il eft aifé
de conclure que, quoique l’Etat Militaire de Ruffie foit de trois cents
trente mille hommes, en y comprenant les Troupes de Terre & de
Mer,cette Puiffânce ne peut mettre en campagne qu’un corps d’armée
de Troupes réglées de foixante-dix à quatre-vingt mille hommes
environ ; & j’ai connu plufieurs Officiers qui étoient convaincus
qu’il ne paffoit jamais foixante mille combattants effeétifs. En
effet, dans la derniere guerre, l’Etat Militaire de Ruffie de Terre &
de Mer étoit dans l’état le plus brillant ; on fit venir de l’intérieur de
l’Empire toutes les Troupes qu’on put en tirer, afin d’envoyer en
Allemagne une armée confidérable. Cependant en examinant toutes
les campagnes desRuffes depuis i757jufqu’en 1 7 6 1 , on trouve
que leurs armées n’étoient communément que de cent mille hommes,
en y comprenant les Troupes irrégulières dont j’ai parlé , les
Ouvriers , les Domeftiques , & tous les autres Employés que les
Ruffes font entrer dans le nombre de leurs troupes ( 1 y C e dernier
(1) L ’armée du Maréchal Àppraxin étoit des plus brillantes à l’entrée de Îa[Campagrïe',
en 1757. Elle étoit de cent-vingt mille hommes, en y comprenant les troupes irrégulières
ôc cette multitude de non combattants dont j’ai parlé. Or quelque petit que l’on fuppofe
le non-complet Ôc le nombre des Soldats détachés-des Régiments, on voit clairement que
le nombre des Troupes réglées n’étoir pas de quatre vingts mille hommes, a beaucoup
près.
En 17 5 8 , l’Impératrice ordonnade forres'recrues au commencement- de l’année j elles
devoient être de quatre vingt mille hommes (*). Le 3 Mars de la même année * l’armée
du Général Fermer étoit de foixante mille hommes ou environ (**), en y comprenant les
Troupes légères ôc tous les Valets & Ouvriers, &c. Il attendait un nouveau-Corps commandé
par M . Braun, qui le joignit proche de Kuftrin.
/Au commencement d’Oélobre, l’Impératrice Elifabeth ordonna au Général Butturfiiï
d’affembler un Corps de troupes de quarante mille hommes, & il le mit-en marche le 10
Oétobre (***) j de façon que ce nouveau Corps de troupes, quoique réuni avec celui du
(*) Gazette de France du 18 Mats 175 8, article de Pétersbouïg, page ï i$ %
(**) Ibid. Du 18 Mars 1758 , article de Dantzick, page 141.
( * * * ) Ibid. Du xq Octobre 1 7 *8 , article de Pétersbourg, page *73,
Coips fe montoic à plus de quinze mille hommes. Celui des Troupes
irrégulières étoit encore plus grand, ôc alors le nombre de
Troupes régulières n’a jamais été que de foixante mille hommes
environ , & fouvent beaucoup au-delfous. Je l’ai trouvé plus grand
par mes calculs , parce que j’ai fuppofé le Militaire de Ruffie de
trois cents trente mille hommes, tandis qu’il n’étoit en 1760 que
de deux cents quatre-vingt-quatre mille , fuivant l’état qui en fut
publié par les Ruffes le 16 Mars de la même année ( 1 ) , dans un
temps par conféquent où la Ruffie avoit fur pied le plus grand
nombre de troupes.
Une armée de Ruffes, quelque brillante qu’elle foit au commencement
d’une campagne , diminue confidérablement par les
maladies. C e fait paraîtra fingulier , parce que les Soldats Ruffes
font communément plus robuftes & plus vigoureux que ceux des
autres Nations : ils couchent même fur la paille ou fur des planches
, fans en être incommodés. D ’ailleurs ils ne déferrent pas à l’armée
, foit qu’ils n’en ayent pas la facilité , foit par principe de reli-
Général Fermer, confidérablement diminué par les maladies ôc l’affaire du 2 5 A oû t, l’armée
de Rulfie né paÎïoit pas foixante-dix mille hommes dé troupes régulières.
En 1755;, l’armée du Général Fermer devoit être de cent mille hommes effectifs, quand
* elle auroit reçu le renfort confidérable qui étoit èn marche dès le mois de Janvier} il con-
fiftoit en vingt bataillons ôc trénte-deux compagnies de Grenadiers (*). On voit encore
d’après tout ce qui a été d it, que cette arûiée raifemblée ne fe montoirqu’à foixante-dix
mille combattants environ.
En 1760 , l’armée des RuiTes , aux ordres du Maréchal Soltikoff, femontoiÉ à cent
vingt-trois mille hommes.(**), en y comprenant les troupes irrégulières , les non-combattants
& le non-complet, ôc par conféquent on la doitf fuppofer de foixante à foixante-
dix mille hommes de troupes réglées , ainfi que dans les autres années. Celle de Butturlin
étoit moins confidérable en 1761.
( i ) Gazette de France du 19 Avril 1760. Article de Pétersbourg , pag. i 81. II eft même
vrai-femblable que les troupes irrégulières font comprifes dans cet Etat Militaire.
(*) Gazette de France du 3 Mars 17/9 , article de Pétersbourg, page <>7,
(* * ) Ibid' Du 14 Juin 1760. article de Dantzick, page *77,-