
 
        
         
		ment ;  elle eft: affez belle. La Citadelle eft placée fur line hauteur. 
 Nous  avions voyagé depuis Vienne dans  une plaine  où le chemin  
 eft  très beau ; mais il  devint mauvais aux environs de Brünn,  
 Nous ne  partîmes  de cette Ville  qua dix heures du foir,  ayant été  
 retenus dans cet endroit par une de nos voitures, dont une des roues  
 avoit  été fracaffée. Je  perdis par cet accident un de mes baromètres,  
 & le jour fuivant' le dernier, par la chù.te de la voiture dans un  foflfe.  
 Nous  employâmes  une  partie  de  la  nuit à la  retirer :  nous  fûmes  
 obligés  de la décharger , ainfi que nous le pratiquions à chaque accident. 
   Us étoient  ii  fréquents que'j etois dans  une  inquiétude  perpétuelle  
 au fujet de mes inftruments. Les flambeaux dont nous avions  
 fait  provifton à Vienne  commençoient à nous  rnauquer ; alors  il  
 nous  auroir été  impoflible  de voyager pendant la nuit  ;  ce qui mç  
 faifoit craindre de ne pouvoir arriver à temps à Tobolsk. Nous arrivâmes  
 le même jour  fur  les  bords  de  la  riviere  de  Bianavoda :  elle  
 me  parut  avoir  trente  toifes de largeur environ. N ’étant  gelée que  
 fur fes bords,  nous la paflames â gué. Quoiqu elle n eût dans  cet endroit  
 que  deux pieds  de. profondeur,-  Jes  chevaux  éprouvèrent  les  
 plus grandes  difficultés  à  la  traverfer,  à paufe  des  glaçons flottants  
 qui les incommodoient beaucoup, & de fes bords gelés,dont il fallut  
 faire  rompre  la glace.  Nous arrivâmes  enfin le  11  â Neutischein ,  
 nous y  paflames la nuit, &  en  partîmes le  i z à fept heures du  matin, 
   Nous avions  toujours .à notre  droite  les Monts Carpaks,  a la  
 diftance  d’une lieue ou d’une lieue  &  demie ,  quelquefois  moins.  
 Nous dinâmes à Friedeck :  c’eft une petite V ille de Siléfie alfez peuplée  
 ;  on y tenoit une Foire eonfidérable,  L ’habillement du Peuple  
 de cette Ville &  des Payfans de?  environs  , me parut  le même que  
 celui des Habitants de la Moravie :  les femmes portent de petits jupons  
 blancs très courts ;  elles ont une efpece de corfet ordinairement  
 bmaré, & un voile blanc de toile attaché  fur la  tête. Ces Payfannes  
 s’enveloppent dans pe voile, qui defçend jufqua la ceinture  : quelques 
 unes 
 ques-unes n’ont qu’un crêpe  blanc,  qui  joue fur tes  epautes ;  leurs  
 bas  font tous  plifles  comme s’ils  étoient formés  d’une grofle  ficelle  
 entortillée  autour de  leurs  jambes  :  leur habillement  eft  auffi ridicule  
 que leur figure. Les hommes d’ailleurs y font paflablement bien  
 faits  :  leurs  habits  ont  beaucoup  de  rapport avec  ceux de nos Pay-  
 fàns  de France. 
 Quoique nous  fùffions au  i z Janvier,  le froid n’étoit  pas  confi-  
 dérable  :  le  thermomètre n’étoit qu a trois degrés au deflous de o 3 il  
 tomba beaucoup de neige  :  le  1 3  ,  le  thermomètre defcendit à cinq  
 degrés ; il fe foutint à cette hauteur le  14 : mais dans la nuit fui vante  
 il defcendit tout-à-coup  à quatorze  &  demi 3  nous  étions  alors â  
 Bilitz. Nous partîmes de cette Ville  à huit heures du matin,  expo-  
 iés  à ce froid  rigoureux  :  j’y  fus  d’autant  plus  fenfible  que je  n’en  
 avois pas  encore éprouvé de eonfidérable. Nous arrivâmes le même  
 jour à Zator, à  deux heures après midi :  nos équipages n’arriverent  
 qu a onze  heures du foir ;  nous  avions  été obligés de les faire tranf-  
 porter  fur  des  chariots  de Payfans, â  caufe  des accidents  que  nos  
 voitures avoient éprouvés. 
 Zator eft un gros Bourg fitué fur la frontière de la Pologne ; le Comte  
 de Dunin en eft Staroft( Seigneur)  :  il ne  borna point  fes bontés  à  
 nous obliger de prendre un logement chez lui 3 ayant vu nos voitures  
 dans  le  plus mauvais  état,  il fit choifir  dans  fes magafins les meilleurs  
 bois,  &  donna  les  ordres les  plus précis pour  quelles fuiTent  
 parfaitement  raccommodées.  Malgré  tous  les agréments  que nous  
 procuroit M. le Comte de Dunin ,  nous  nous  difposâmes à partir  
 aufli-tôt que nos voitures furent en état 3  mais nous apprîmes que là  
 Viftule n’étoit pas  encore totalement gelée.  Le froid , qui avoit été  
 fi violent le 1 y ,  cefla tout-à-çoup 3 le  thermomètre n’étoit  qua  o  le  
 17. Dans 1 incertitude  où nous étions fi  la  riviere feroit bientôt totalement  
 gelée,  nous prîmes  le  parti de  faire  cafler  la glace  :  nous  
 Tome /.  g