y ait une interruption de commerce affez longue , pour donner
le temps aux parties de fe réunir, 8c de reprendre leur premier
état ; & il elt arrivé plus d’une fois,. que des filles qui avoient eu
plus d’une foibleffe, n’ont pas laide de donner enfuite à leur mari
cette preuve de leur virginité , fans autre artifice que celui
d’avoir renoncé pendant quelque temps à leur commerce illégitime.
Quoique nos moeurs aient rendu les femmes trop peu fin-
ceres fur cec article, il s’en eft trouvé plus d’une qui ont avoué les
faits que je viens de rapporter- Il y en a dont la prétendue virginité
s’eft renouvellée jufqua quatre & même cinq.fois, dans l’efi
pace de deux, ou trois ans. Il faut cependant convenir que ce renouvellement
n’a qu’un temps ; c’eft ordinairement de quatorze
à dix-fept, ou de quinze à dix-huit ans.. Dès que fe corps a achevé
de prendrefon accroidement, les chofes demeurent dans l’état ou
elles fo n t,, 8c elfes ne peuvent paroître différentes qu’en employant
des fecours étrangers , & des artifices dont nous noUs
difpenferons de parler.
» Ces filles dont la virginité fe renouvelle, ne font pas en auffi
grand nombre que celles, à qui là Nature a refufé cette efpece de
faveur- Pour peu qu’il y ait de dérangement dans la fante ; que
l’écoulement périodique fe montre mal & difficilement; que les
parties, foient trop humides ; que les fleurs blanches-viennent a
les relâcher, il ne fe fait aucun rérréciffement, aucun froncement
: ces parties prennent de l’accroiffement ; mais étant continuellement
humeétées , elfes n’acquierent pas affez de fermete
pour fe réunir..Il ne fe forme ni caroncules , ni. anneau , ni plis ;
l’on ne trouve que peu d’obftaefes aux premières approches, 8c
elfes fe font fans, aucune effufion de fang,
» Rien n’eft donc plus chimérique que les préjugés des hommes
a cet égard, & rien de pl us incertain que ces prétendus lignes de
la virginité des corps. Une jeune perfonne aura commerce avec
» un hômtne avant l’âge de puberté, & pour la première fois ; ce-
» pendant elfe ne donnera aucune marque de cette virginité : en-
» fuite la même perfonne, après quelque temps d’interruption
»> lorfqu’elle fera arrivée à la puberté, ne manquera guères, fi elle
» fe porte bien , d’avoir tous ces lignes , & de répandre du fang
;> dans de nouvelles1 approches ; elfe ne deviendra pucelle qu’après
„ avoir perdu fa virginité ; elfe pourra même le devenir plufieurs
» fois de fuite, & aux mêmes conditions. Une autre au contraire
» qui fera vierge en effet, ne fera pas pucelfe, ou du moins n’en
» aura pas la moindre apparence. Les hommes devrofent donc bien
» fe tranquillifer fur tout cela , au-lieu de fe livrer, comme ils le
» font fouvent, à des foupçons injuftes ou à de fauflès joies, félon
» qu’ils s’imaginent avoir rencontré » .
Avant Pierre Ier, la cérémonie du mariage des Czars de' Ruffiô
n’étoit pas moins extraordinaire. Il ne fera peut-être pas inutile de là
rapporter ici : c’eft une époque qui peut fervir à faire connoîrre le
progrès des moeurs eivilifées en Ruffie. Elfe eft des plus authentiques,
Je poffede un Manufcrit curieux fur ee fujet, avec les Planches
deffinéesv II eft d’autant plus intéreffant, que les Copies en
font très rares» en Ruffie.
En 162.6 Michel Romano, aiéül de Pierre Ier, fe choifit une
époufe fuivant l’ufage ordinaire rapporté par M. de Voltaire, H ifi
toire de Ruffie fous Pierre le Grand , Tome I , page jcp.
» Pour marier un Czar on faifoit venir à la Cour les plus belles
33. filles des- Provinces : la grande Maîtreffe de la Cour les recevoit
» chez elfe , les logeoit féparément, &c les feifoit manger toutes
3> enfemble.LeCzar les voyait, ou fous un nom emprunté, ou fàn9
1 déguifement. Le jour du mariage étoitfixé fans que le choix fus
» encore connu, & 1e jour marqué on préfentoit un habit de noce*
» à celle fur qui 1e choix fecret étoit tombé : on diftribuoit d’au-
»> très habits aux prétendantes, qui s’en retoumofenc chez elfes.