
 
        
         
		P R É F A C E 
 T j   i n s t a n t   où les  hommes  ont formé  des  fo c ié té s ,  
 fixe  l’époque  de  la  naiflance  des  loix   &   des  différents  
 gouvernements.  Ces  lo ix ,  déterminées  par la nature des  
 b eio ins ,  étoient  fimples  dans  leur  o rig in e ,  &   dirigées  
 vers le bonheur des peuples. Les connoiffances acquifes,  
 l ’inégalité  des  conditions,  les  émigrations,  &   une mul-  
 titude  d’aujtres  caufes morales  &   p h y fiq u e s ,  ont  été  la  
 caufe  de  nouveaux  fyftêmes po litiques,  aufîi  différents  
 entre  e u x ,  que  les  caufes  qui  ont  concouru  à  leur  éta-  
 bliffement.  Heureux  ceux  qui  ont  co n fé rv é ,  au milieu  
 de  ces  révolutions,  les  premiers  principes  des  g ou v e r nements  
 ,  établis  relativement  à  la  nature  des  climats  ,  
 à  l’efprit &   au  carafltere  des peuples :  principes fi effen-  
 tjels  dans .toute  légiflation,  par  l ’influence  du  gouve rnement  
 fu r ie s  moeurs! 
 L ’humanité,  confidérée  dans  les  vo y ag e s   fous  différents  
 points de v u e ,  offre  le  tableau  le  plus  intéreffant,  
 &   le plus  propre  à  former  l’homme  &   à  le  diriger  vers  
 le bonheiir. L e  philofophe y  trouve l’hiftoire de l ’homme  
 &  de  la  nature ;  l’homme  d’é ta t,  le  fyftême  politique  
 des nations  ,  les  intérêts  &   la  connoiffance  des  peuples. 
 Les  R u ffe s ,  renfermés  dans  leurs  contrées  au  commencement  
 de  ce  f ie c le ,  n’avoient  aucune  liaifon  a ve c   
 l ’Europe  civilifée.  O n   favoit  à  peine  qu’il  exiftoit  dans 
 Jome /.  a