bre le long des carrés qui bordent les chemins.
J’en ai visité beaucoup : il serait trop fastidieux
de vouloir les détailler toutes; mais pour qu’on
puisse se faire une idée claire du genre d’habitation
et d’économie des Chersonésiens de la
campagne, jvai réuni dans une seule planche
les édifices qui m’ont paru les plus instructifs,
avec leurs dépendances (1).
Les campagnes les plus considérables ont
toutes pour principal bâtiment, une construction
cyclopéenne carrée, de 35 à 4o pieds de
face, ou allongée, de 22 à 32 sur 25 à ^5 pieds :
je l’ai appelée donjon. Elle est solidement murée
en grandes pierres de taille de 3 pieds de
large sur 6 pieds de long, et sur 2 à 4 de hauteur.
Les murailles ont de 3 à 5 pieds d’épaisseur.
Les pierres sont liées deux à deux par des
joints en bois pratiqués dans des rainures comme
des crampons (2). On se servait très-rarement
de mortier à chaux : on *1» remplaçait par de
l’argile.
Le bas de ce donjon, en partie sous terre
servait de cave, et avait une porte qui donnait
sur une cour intérieure ; il est très-rare que ces
caves aient été voûtées.
L ’étage du donjon servait d’habitation, et on
(1) Atlas, Ie série, pl. 21.
(2) Atlas, IVe série, pl. 26 b.
y parvenait extérieurement par un escalier et
par une galerie de 6 à 7 pieds de large, qui régnait
quelquefois tout autour de l’édifice.
Ce genre de construction rappelle le Tcherdak
polonais , bâtiment de fondation massive débordée
de tous les côtés par un étage de galeries et
de chambres intérieures. La tradition avait enseigné
aux Polonais l’art de ces habitations, d’ou
ils pouvaient facilement se défendre contre les
invasions des Tatares.
La cour qui isolait le donjon de plusieurs
côtés était fermée sur la rue par une porte-co—
chère. Les autres bâtiments d’économie, pressoir,
ètables, magasins, logements, étaient semés
irrégulièrement tout autour, ou dans de plus
petites campagnes ils étaient adossés au donjon
même. Ces édifices de moindre importance n’étaient,
pour la plupart, qu’en moellons liés par
de la terre glaise. On couvrait les toits, à la romaine
ou à la grecque, avec de grandes tuiles
carrées, munies de' bords élevés d’un pouce et
recouverts par des créneaux.
Un puits ou une «Verne ouvrait quelque part, à
ras du so l, sa bouéhe taillée d'une seule pierre,
ou de plusieurs pièces. Les puits étaient rares ,
et les citernes beaucoup plus communes ; elles
étaient alimentées par les eaux de pluie que l’on
y faisait arriver par des canaux ou rigoles en