qu’une dernière commotion souleva et lacéra
comme nous la voyons aujourd’hui : car regardez
tous les ravins perpendiculaires à l’axe de
la baie de Sévastopol, ce ne sont, dans le
fait, qu’autant de fentes ou de déchirures qui,
«randes et profondes à leur entrée, vont en
se rétrécissant, en diminuant, au fur et à mesure
qu’elles s’éloignent du point où s’exercait
le plus puissant effort. Gomme dans les déchirures,
tout est à angles saillants et à angles rentrants.
Desci'iption physique et historique de la Chersonèse
héracléo tique.
Vieille C h e r so n .— Nouve lle Che r son.
La Chersonèse héracléotique est une exception
en histoire comme en géologie : elle a toujours
fait cause à part : ne tenant à la Crimée
par aucun lien naturel, elle a par conséquent
toujours été étrangère aux différentes nations qui
s’y sont succédé.
Les pauvres colons d’Héraclée, en débarquant
po'ur la première fois sur cette presqu’ile inhospitalière
, possédée par les Taures , ne, cherchèrent
pas l’endroit le plus commode, mais le plus
sûr pour s’y établir ; le point le plus isolé et le
plus reculé de la Chersonèse leur convenait admirablement.
J’ai dit que par un dernier effort volcanique
la presqu’île avait été lacérée et coupée par un
certain nombre de ravins parallèles, dont les
entrées profondes étaient marquées par autant
de baies. En commençant à l’ouest, les trois
premiers s’ouvrent dans une large baie commune
qui porte le nom de Triple baie ou Baie de
Fanary. Plus loin viennent la Baie Ronde,
celle des Tirailleurs, les Sôses, la Baie de la
Quarantaine, dont l’entrée est à la limite de
l’Ouverture de la Grande baie de Sévastopol.
Les quatre baies qui suivent, celles de l’Artillerie
, du Sud, des Vaisseaux , du Carénage,
sont toutes intérieures, et paraissent comme des
ramifications de la Grande (1).
Les Héracléotes se logèrent entre la première
et la seconde baie, autrement dite Baie des
Cosaques, dont les courts prolongements ou
ravins , par une disposition particulière , aboutissent
bientôt à la falaise tournée vers la pleine
mer. Presqu’entourés complètement par la mer,
il ne leur restait que ces deux langues de terre
( i ) Voyez Atlas, Ir* série, pl. 20, le plan des ruines de
la Chersonèse héracléotique, où toutes ces baies sont
exactement indiquées. Il existe un plan plus ancien que
le mien des ruines de la Chersonèse ; c’est celui qui a été
relevé en 1825 par le comte L. Serristori, Col. de l ’ét.-
maj., envoyé par le comte Vorontsof : je ne l’ai pas vu et
j’ignore s’il a été publié.