cer dans l’abîme. Les pins forment des allées de
verdure sur quelques corniches : le vert tendre
du hêtre se mêle à la sombre teinte du conifère.
Pour surcroît de pittoresque, un ruisseau
tombe en cascade au milieu des rochers ; c’est
l’Outchansou. Les cormiers et le genevrier oxy-
cèdre ou cade entourent le château. Il fait
beau voir cela une fois ; mais y etre renferme
pour la vie ! Le nom de cette prison, suivant
M. de Koeppen, est Yigo-Issaroxx Outchansou-
Issar.
Orienda Impérial. — Ruine. — Mourgoudou. — Cap
Aithodor et pierres levées. — Gaspra. — Kouréis.
Miskor.— Aloupka.
La grand’route a Livadia est a peu près a
la hauteur où elle doit atteindre jusqu’à Aloupka.
Elle serpente sans changer considérablement de
niveau au milieu des plus belles créations de la
Crimée, qui se sont concentrées autour du mont
Mégabi, grande montagne de calcaire qui,
comme le promontoire de Nikita, s est detacbee
du massif principal, et a couvert de ses fragments
une portion de 5 verst de large de la côte
qui se termine par le cap Aïthodor. Vouloir assigner
une espèce de régularité a cet amas seiait
impossible ; on voit encore le gres et le schiste
jusqu’au-delà de Khangeli; mais plus loin, jusqu’à
Aloupka , tout est hasard dans les lois d’un
pareil bouleversement. Ici des rochers erratiques
grands comme ceux de Kisillache, là des
chaos, plus loin de vraies montagnes erratiques
où l’on peut suivre la succession des couches
comme dans une formation sur place, des moraines,
des champs de pierres, des failles , tout
est à étudier.
A une verst et demie de Livadia et à 7 verst de
Yalta, se présente, à gauche delà route, le domaine
impérial d’Orianda, qui embrasse 95 des-
sétines de terrain, combes, rochers, terre-pleins,
talus inabordables qui s’étendent jusqu’à la mer.
L ’on ne pouvait guère choisir une position plus
pittoresque sur la côte. L’empereur Alexandre
désirait s’en faire une retraite. Tout fut créé
dans ce but. On y a établi un jardin anglais tracé
avec goût au milieu de ce chaos de la nature, et
les rochers , la verdure , l’horizon de la mer qui
alternent à chaque pas , font passer les promeneurs
tour à tour dès points de vue les plus
sauvages aux plus riants. Le guide qui me menait
au milieu d’un vignoble de 4^000 ceps, qui
me faisait observer la belle venue d’une plantation
d’oliviers, qui m’indiquait les deux immenses
figuiers de 70 pieds d’élévation appuyés
contre un grand rocher, me faisait en même
temps l’itinéraire des promenades de l’empereur
Alexandre, me désignait ses places favorites, me