de ce grand hërmitage, créé d’abord pour des
Troglodytes ; car dans le voisinage de la petite
église, la muraille calcaire est percée de grottes
antiques qui servent maintenant de caves, de
poulaillers, et qui datent peut-être des premiers
habitants de la Crimée. Les moines s’en étaient
lait des cellules où ils demeuraient encore en
1794 du temps de Pallas : aujourd’hui ils aiment
mieux vivre hors de terre (1).
Le monastère consiste en plusieurs corps de
bâtiments, dont plusieurs sont destinés aux
étrangers. L ’église rebâtie dernièrement, fait regretter
l’antique chapelle qu’on a détruite pour
lui faire place. Une source coule au-dessous des.
maisons dans un bassin en pierre, ombragé de
peupliers. Plus bas sont des jardins terrassés
avec quelques portions de vignobles.
Il n’y a pas longtemps qu’un éboulement dans
le voisinage du monastère a fait découvrir une
colonne antique de pierre calcaire (d’Inkerman?),
Taillée dans de très-justes proportions, elle
a 7 5 pieds de haut et i 3 pouces dans son
plus grand diamètre. Elle a paru à Pallas de la
plus haute antiquité.
Ordinairement ce petit coin habité de la Chersonèse
est très-solitaire. Mais le a3 avril, jour
de la saint George, la scène change : le bord du
(1) Pallas, Voy. en Crimée, II, p. ^4,
rocher se cpuvre de huttes et de tentes; une
foule de Grecs, surtout des femmes, y accourent
de toute la Crimée; c’est le plus vivant tableau
qu’on puisse voir; les femmes grecques sont
très-jolies et embellissent la fête. On vend et on
achète comme à un jour démarché. Mais bientôt
l'heure du service approche ; on se presse
vers l’église qui ne peut contenir les fidèles , et
quand la bénédiction a été donnée, ceux qui en
ont la force se précipitent à qui pourra arriver
le premier, au risque de se casser bras et
jambes, sur le rivage, pour y puiser de 1 eau
qu’on conserve soigneusement pendant l’année,
comme remède contre toutes especes de maladies,
La terrasse du monastère est contiguë avec
une terrasse pareille, où je trouvai les ruines
d’un édifice antique de 3a pas de long sur 29
de large ( 76 sur 70 pieds), avec de fortes mu-,
railles comme celles des donjons de la Cherso—
nèse î mais la grandeur de l’édifice prouve qu il
avait une autre destination, et à en juger par les
bâtiments accessoires , j’en ferais les restes
du temple (1).
Entre ces trois points, le rocher, le monastère
et cette ruine, il devait y avoir selon toute probabilité,
un temple ou plusieurs temples du
(1) Atlas, IV8 série, pl. 26 b.