dans la formation pure du grès-vert, dont les
couches puissantes s’inclinent doucement vers
la steppe. A la hauteur de ce dernier village,
commence à droite une suite de créneaux singuliers
qui couronnent la muraille de grès Vert :
ce sont les accidents de la roche à nummulites
qui s écaille facilement, se délite, ne présentant
souvent que des colonnes isolées, bizarrement
arrondies (1).
Tous les voyageurs qui ont écrit sur la Crimée
, Pallas, Clarke, Murawiew-Apostol et
d’autres ont vanté le séjour àyOrta-Karalès,
demeure d’Abdyl-Bey, comme très-pittoresque,
et ils ont eu raison.
Avant d’atteindre ce village tatare, le grès
vert s enfonce sous le sol et il ne reste que le
calcaire à nummulites qui flanque à son tour la
cluse. Ici seulement s’ouvre à gauche une gorge
qui permet d escalader le plateau. En voyant les
rochers rongés qui bordent le chemin de Tcher-
kess-kerman, je pouvais me croire au pied de
l’immense rempart d’une forteresse, bastionnée
( i ) Clarke, II, 193, a pris ces débris isolés de la roche
à nummulites qui couronnent aussi le grès vert à gauche,
pour les ruines des créneaux du château de Tcherkess-
kerman : car il est de toute impossibilité de voir les vraies
ruines du fond de la vallée de Karalès (K a r a - I lè s , Elie-le-
Noir).
par une série de demi-tours rondes. Sur la
hauteur, le calcaire ne paraît plus sur la formation
crétacée, que par grands massifs isolés,
au milieu desquels je trouvai Tcherkess-
kerman. Ses ruines n’appartiennent plus à la
région forte des Klimata ou de la Gothie, telle
que j ’en ai fixé les limites. Elles sont déjà en
dehors, entre le crêt crétacé et le crêt tertiaire
de la steppe, sur les frontières du domaine qui a
appartenu aux Tcherkesses. Leurs colonies s’étendaient
sur les rives du Belbek appelé alors
Kabarta, nom qu’il a conservé jusqu’aujourd’hui
en commun avec le principal village tcher-
kesse, celui de Kabarta : ils possédaient en
outre la plaine qui est au-delà de la rivière, et
qui est restée la plaine des Tcherkesses ( Tcher-
kess-tus).
Le village actuel de Tcherkess-kerman, habité
par des Tatares, fesl bâti dans une espèce de
fente, entre deux murailles de roches nummuli-
tiques, extraordinaires autant par leurs formes
que par leur isolement : elles laissent à peine
assez de place entre elles pour deux rangs de
maisons tatares avec une rue au milieu. Un pareil
tableau est curieux à Voir du haut des rochers,
et je me demandais quel plaisir les hommes
avaient pu trouver à se loger si à l’étroit; d’ailleurs,
le village n’a qu’une seule issue, qu’une
seule sortie, au nord.
VI. I9