Les vieux invalides qui gardent le palais sentirent
sous les armes lorsque notre compagnie
se présenta à la porte pendant l’été de i 832. Sur
une lettre du gouverneur, on nous donna un
des logements vastes et nouvellement restaurés,
qui sont réservés pour les étrangers, dans ce
même bâtiment qui longe le Djourouksou. L’ameublement
en est à l’orientale, et consiste en
ottomanes ; une cheminée occupe le fond de
la pièce. Les portes des appartements donnent
toutes sur une longue galerie, si agréable
dans les pays chauds, et où nous nous portâmes
tous en masse pour respirer la fraîcheur
et pour contempler l’ensemble fantastique du
palais. C’est de là qu’est pris le dessin, représenté
IIe série, pl. 63.
La galerie fait face à une grande cour , plus
longue que large. A droite, avec toute l’irrégularité
pittoresque de l’orient, se suivent plusieurs
corps-de-logis qui font plusieurs rentrées et
plusieurs saillies, et que nous avons visités en
détail. Ceux qui voudront en étudier les détours
et les labyrinthes , liront la longue et incompréhensible
description du marquis de Castelnau (1).
Il me suffira d’en faire comprendre l’ensemble
par mon dessin.
Le sentier qui est marqué sur le gazon, se di(
1) Essai sur la Nouvelle-Russie, t. 111, p. i 5S.
rige sur l’angle d’une tribune en treillis, même à
l’entrée principale percée à travers le bâtiment
jusqu’à une seconde cour où l’on trouve à gauche
la,porte du palais, surnommée la Porte de fe r ,
entourée de décors et de dorures à l’orientale
(1). Un escalier , placé de côté, mène dans
un grand vestibule, orné de deux fontaines,
dont l’une, surnommée Selsibil ou la Fontaine
de Marie, semble ruisseler par larmes au milieu
des ciselures et des dorures (3). Elle est à
(1) Sur cette porte se trouve l'inscription suivante :
« Le maître de cette porte, qui a acquis cette province,
est le très-haut seigneur Mengli- Ghéreï- Khan, fils de
Haclji-Ghércï-Khan. Que le Seigneur Dieu daigne accorder
la félicité suprême à Mengli-Ghéreï-Khan, ainsi qu’à
son père et à sa mère. » Et un peu plus has : « L’érection
de cette porte a été ordonnée par le maître des deux mers
et des deux provinces, le sultan Mengli-Ghéreï, fils de
Hadji-Ghéreï-Khan (moi) le fils du sultan en 969 ( i 552).»
Ce qui signifie que Dewlet- Ghéreï, petit-fils de Mengli-
Ghéreï, qui monta sur le trône en g58 ( i 55i de J.-C. ),
avait fait restaurer cette porte que son aïeul Mengli-
Ghéreï, fils de Hadji-Ghéreï, avait fondée vers l’an 1480,
quand après la conquête de la Crimée, les Turcs l’en reconnurent
le souverain, Murawiew-Apostol, Reise nach
Taurien, p. 88. La traduction de M. Montandon est entièrement
fautive, Guide, p. 211.
(2) Voici la tradution de l’inscription qui est sur cette
fontaine ; «, Gloire au Dieu très-haut ! La face de Baktchi-
sarài est réjouie par fa sollicitude bienfaisante du lumi-r
neux Krim-Ghéreï-Khan. Il a d’une main prodigue étanché