Ilia, près de Laspi, ils profitaient des cavernes
naturelles ou des parois de rochers pour y
adosser leurs maisons ; ou bien , comme dans
les chaos de Sunenkaïa, d’Oursouf, d’Orianda,
de Limène, e tc ., ils les entremêlaient aux gros
blocs de pierre qui leur épargnaient des murailles.
Les Taures-Lestrigons, moins favorisés par le
climat, furent forcés de se créer des demeures
plus chaudes et mieux abritées contre la pluie,
et ici ressort une nouvelle analogie entre les
Taures et les races caucasiennes. Comme les
Géorgiens, les Colches, les Arméniens dans
l’origine de leur civilisation , comme les Troglodytes
du centre et du nord du Caucase, les
Taures ont eu des cryptes pour demeures ; des
villes creusées dans les rochers, comme le sont
Quplistsikhé, Armasi, Vardsie, Gvimé sur la
Kvirila, etc., remplissent en Crimée les rochers
àülnkerman, de Tcherkesskerman, de Tepèker-
mariy etc. L ’étage crétacé que nous appelons
gres-vert, de nature tendre, homogène, peu
fissurée, à couches horizontales, prêtait beaucoup
à cette antique industrie, et partout où
cette couche sort du sol, partout elle est percée
de cryptes.
En attribuant ces travaux troglody tiques aux
Taures, tout s’explique, tandis qu’en les attribuant
aux nations qui ont succédé aux Taures
en Crimée , tout devient énigmatique : on en
jugera bientôt.
Les assignera-t-on par exemples aux Scythes
nomades, qui envahirent la Crimée 600 ans
a v a n t J.-C. ? Hérodote nous a trop bien fait
connaître leurs moeurs, pour qu’on puisse en
avoir la pensée. Il n’était point dans l’esprit de
pareils vagabonds de s’astreindre à des demeures
fixes et encore moins de se tailler dans des rochers
arides des demeures qui exigeaient tant de
travaux.
Lorsque les Scythes furent restreints dans leur
puissance par les Sarmates, vers l’an 38o avant
J.-C., la Crimée leur resta, il est vrai, parce que
les positions fortifiées des Taures étaient devenues
les leurs. Les Scythes et les Taures, que j ’ai
supposé de même origine finnoise, confondus,
formèrent alors la nation des Tauro-Scythes, qui
concentra le siège principal de sa puissance dans
les vallées des Taures-Lestrigons, au pied de la
chaîne Taurique.
La brillante époque de ce royaume est celle
où les Tauro-Scythes accablèrent tellement les
Bosporiens, qu’ils les forcèrent à avoir recours
au grand Mithridate, en faveur duquel leur roi
Pairisades abdiqua. Le puissant roi du Pont,
maître de Panticapée, eut bientôt un prétexte
d’exercer sa vengeance.
Cherson, république libre, n’était pas plus