abandonnée et un second cimetière turc a envahi
le promontoire d , qu’un vallon rapide sépare
du promontoire a. Ici un autre long mur ferme
tout accès, à moins que par une porte percée au
milieu, de laquelle est emprunté le nom de
Khapou-dêrê (vallon de la porte). La route et
l’entrée principale de Mangoup étaient par-là.
Pallas dit qu’au-delà d’une fontaine qui jaillit
près de la porte et qui retombe dans un réservoir,
il existe une pierre avec une inscription
tatare de l’année q53 de l’hégire ( i 546 de
J. C .}.
Tels sont à peu près tous les objets visibles
sur cette première partie de Mangoup, qui comprenait
la ville proprement dite. Le plateau est
gazonné et semé de quelques broussailles. La
vue est immense, et s’étend jusqu’à la mer au-
delà de Sévastopol. L''acropole de Mangoup occupait
le troisième promontoire a qui s’avance
directement vers l’est, et dont les flancs à pic
vus de près, sont plus imposants que les plus
énormes bastions qu’une-citadelle puisse rêver
pour sa défense. Il se termine en pointe émoussée.
Les murs de cette acropole étaient ainsi tout
trouvés ; il ne s’agissait que de fermer l’entrée
du promontoire pour être hors de toute atteinte :
c’est ce que l’on fit en construisant d'un abîme
à l’autre une muraille épaisse, crénelée, murée
en gros quartiers de roc. Elle correspond par
une de ses extrémités aux fortifications du Kha-
pou-déré. Une porte en plein cintre au milieu
est l’unique entrée.
Avant de la passer, je m’arrêtai malgré moi à
droite, en face d’un grand bâtiment auquel elle
est accolée. Aucun ornement, aucune fenêtre
ne peut en trahir de ce côté-là la destination.
Je me hâtai d’entrer pour voir si l’autre côté
de l’édifice était semblable au premier, et quelle
fut ma surprise en contemplant une belle façade
ornée qui ne peut avoir appartenu qu’à un palais!
Il était à deux étages, et reposait sur une terrasse
qui régnait sur toute la longueur du bâtiment.
Un large escalier de cinq marches y conduisait
(1).
Au premier étage, quatre fenêtres placées
dans une certaine symétrie, étaient richement
décorées ; trois filets passablement distants, encadraient
celles du milieu, à cintre plat ; celles
des extrémités surchargées d’ornements étaient
en arc surbaissé, et de plus grandes dimensions.
A juger par le travail des méandres, des arabesques,
dè rosaces, des filets et entrelacs, on reconnaît,
le style de l’orient , et principalement
celui de l’Arménie (2) : il approche du genre
(1) Atlasj IIIe séi’ie, pl. 28. Ruine d’un palais de Man-
goup.
(2) Atlas, IIIe série, pl. 28 b.