ment les traditions et les indications du style
oriental. Rien n’a été changé, ni les peintures,
ni les dessins grossiers et sans proportions, que
Ion s est contenté seulement de rajeunir. Le
harem seul n’a pu subir cette restauration; abandonné
et tombant en ruines depuis longtemps, il
n est resté qu’une ou deux cellules pour échantillon.
Au-delà des tombeaux, se groupent plusieurs
bâtiments destinés aux remises et aux écuries du
khan.
Le fond de la cour était fermé par un haut
mur et par une belle fontaine de style mauresque
que l'empereur Alexandre a fait construire. Ce
mur ferme le plus bas étage d’un des côtés du
jardin, dont les trois ou quatre terrasses étaient
couvertes de berceaux de vigne, de noyers, de
peupliers. Là sont les réservoirs qui alimentent
les fontaines et les jets d’eau du palais.
Par-dessus le jardin, on voit s’appuyer sur la
pente escarpée du vallon de Baktchisaraï, un
immense cimetière et une partie de la ville. La
porte qui ferme la cour de ce côté, y conduit
au travers d’une allée de monuments : mais l’oeil
s’arrête bientôt sur un dôme élégant , adossé à
l’angle supérieur du mur du jardin. Non-seulement
sa forme attire les visiteurs, mais les légendes
dont il est l’objet en ont fait pour ainsi
dire un but de pèlerinage : car, qui ne veut avoir
vu le tombeau de Marie Potoclca ? Il est de
forme octogone, et assis sur un soubassement
du plus bel effet, dans lequel est taillée la majeure
partie de la petite porte richement ornée qui
s’ouvre sous le dôme. Au-dessus de la porte, je
copiai une inscription tatare en lettres enchevêtrées
dont personne n’a pu encore me faire l’interprétation
(1). Sur les huit côtés du tombeau
se répètent deux pilastres étroits et acouplés ;
ils sont ornés de baguettes et de croix taillées en
creux. Jusqu’à moitié hauteur, chaque face du
tombeau est ornée de deux rangs d’arcatures
mauresques, avec colonnettes. Le soubassement
répété forme le couronnement du tombeau.
A Baktchisaraï, on s’accorde pour assurer aux
voyageurs qu’ici repose Marie Potocka, et
M. Pouchekine, en faisant commencer son joli
poëme à la fontaine des larmes de Marie, le termine
à ce tombeau. Cependant il n’y a rien de
vrai dans cette tradition, pas même le fond, et le
corps qui a été déposé dans ce tombeau si remarquable
, est celui d’une femme chérie de
Krim-Ghéreï, d’une Géorgienne nommée Dila-
( i ) Atlas, IV« série, archéologie, pl. 29, fig. 1. Dans
la planche supplémentaire, 29 b, l’on trouvera l’inscription
du tombeau, avec une autre inscription d’Eski-Yourt,
deux inscriptions coufiques de Naktchévan, et l’inscription
de la porte de fer de Ghélathi.