tourner ainsi la position de Sévastopol, aura fait
construire le mur d’enceinte projeté pour sa
défense. La ville n’y gagnera pas en agrément ;
mais la première condition d’une ville de guerre,
c’est de pouvoir se défendre..
La grand’route de Sévastopol à Simféropol
commence au nord de la baie qu’il faut traverser ;
elle passe tout entière sur la terrasse qui sépare le
crêt crétacé du crêt tertiaire de la steppe. Partout
elle traverse des terrains de marne blanche,
et en été l’on ne peut rien voir de plus poudreux;
et de plus sec, si l’on en excepte les vallons du
Belbec, de la Katcbe, de l’Alma, qu’elle ne fait
que traverser, et où l’oeil se récrée quelques
instants, de la verdure des vignes et des vergers ;
les rives du Belbek surtout, où sont plusieurs
campagnes des officiers supérieurs de Sévastopol,
et le village tatare de Douvankoi, offrent des
points de vue charmants. Je ne répéterai pas ce
que j ’ai dit plus haut des vins de ces vallées.
Au point où la grand’route qui vient de la
rive septentrionale de la grande haie de Sévastopol
, descend près du rivage de la mer dans la
vallée de Belbek, j ’observai, sur le premier mont
ticule à droite du chemin, une antique fortification
; c’est un carré parfait qui embrasse tout le
large du sommet de la colline ; il m’a paru avoir
été construit en briques : la pente de la colline
en est couverte, ainsi que de débris d’amphores;
il en est de même des alentours où l’on remarque
des traces d’autres constructions. Un
canal, tiré du Belbek, menait jadis l’eau jusqu’au
pied du château.
Ce fort en briques ne peut appartenir qu’à la
défense de la Chersonèse héracléotique, et peut-
être entrait-il dans l’ensemble des longs murs
de l’empereur Justinien (1).
( 1 ) J’avais d’abord supposé que c’était l’un deschâteaux-
forts de S k ilo u ro s ; mais les T a u ro -S c y th e s ne faisaient
p a s , je crois , usage de la b r iq u e : son emploi dans les
fortifications est b y zan tin . P . de Koeppen , Krimskii-
Sbornik, p . 248.