nien ne sont autre chose que cette suite de fortifications
unies aux Kerman, qui fermaient les
portails gigantesques par lesquels les rivières se
rendent dans la steppe. Ainsi furent établis In-
kerman, Tcherkesskerman, Mangathia (Man-
goupkalé), Katchikcilène, Tépékerman, Tchou-
foutkalé, Mangouche, Kermentchik, etc., profitant
des anciens travaux des Taures , et de
leurs villes cryptes ; car le portrait- que Procope
fait des Goths, comme n’aimant pas demeurer
dans des murailles et préférant la liberté de la
campagne, dont la culture était leur occupation
favorite, n’indique pas des gens plus zélés que
les Scythes et les Alains nomades, pour se creuser
des demeures dans les rochers ; et comme
ces excavations ne peuvent à coup sûr être attribuées
à aucun peuple postérieur aux Goths,
Pétchénègues, Khazares ou Tatares, il faut
décidément croire que ce sont bien les Taures
qui en sont les premiers auteurs. Ceci n’empêche
pas qu’on ait pu y habiter plus tard et y
construire les églises qu’on retrouve dans plusieurs
de ces villes troglody tiques. Mais outre
que les églises sont évidemment plus modernes
que la plupart des cryptes, elles manquent complètement
dans plusieurs des localités les plus
importantes. A K a ra n j, à Mangoup, à K a t -
chikalene, à Kermentchik, il n’y en a pas ; à
Inkerman, les églises font corps à part et ne se
mêlent pas aux cryptes; à Tépékerman, l’église
est placée dans le lieu le plus reculé, le moins
commode, que ceux qui avaient creusé les cryptes
avaient négligé.
La contrée de Doru et les Goths dont il n’est
plus fait mention pendant un siècle et demi, reparaissent
tout à coup sur la scène de l’histoire,
pendant les sanglantes intermittences du règne
de Justinien II Rhinotméte (nez coupé). Cet empereur,
ainsi mutilé et détrôné en 695, à cause
de ses innombrables cruautés, avait été relégué
par Léon, son successeur, àCherson, en Crimée;
ses fureurs et ses menaces de vengeance effrayèrent
tellement ses habitants, qu’ils complotèrent
de tuer ce monstre féroce, ou de se saisir
de lui pour le renvoyer à l ’empereur à Constantinople.
Malheureusement Justinien découvrit le complot
et se sauva, en 703, dans le château qu’on
appelle Doros, situé dans les limites de la Go-
thie (1). Lekhakan de Khazares, maître alors de
tous les pays qui bordent le Palus Méotis, tenait
sa cour à Doros : il reçut fort hien l’ex-empereur
dont il espéra relever la fortune. Il lui
donna sa soeur Théodora en mariage et assigna
( l ) TÔ (p p o v p io v TO ksyÔpLSVOV A o p o ç TVpOÇ TÀ rOT0£ZÎj XSipSVOV
Nicéphore, p . 27. T h é o p h an e , p . 3n , appelle ce
Heu Aapaç, Daras.