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et du grand tas de déblais, sur lequel Wladimir
fit ériger une chapelle en mémoire de la prise
de la ville et de sa conversion, ne soit celle de
la Sainte Mère de Dieu, la cathédrale de Cher-
son (i). Rien de plus simple que cet édifice:
( i) Voici le texte de la Chronique de Nestor, trad. de
Louis Parisei Paris i 834, 1 .1, p. i 3o et suiv.
« Or advint que dans le courant de l’année suivante,
l’an 6496(988 de J. C .), Vladimir, avec son armée, fît
une invasion sur Kherson. Les habitants s’enfermèrent
dans les murs de la ville, et Vladimir établit son camp
de chaque côté, proche du Limèn, à peu près à la portée
du trait de ladite ville. Les assiégés se défendirent vaillamment.
Cependant Vladimir pressant toujours le siège,
ils commencèrent à perdre courage ; lors il leur fit dire :
« Si vous ne vous rendez pas, je jure que, s’il le faut, je
« resterai trois ans ici. » Les assiégés ne firent nul cas de
la menace. Vladimir fit prendre les armés à ses soldats et
ordonna l’assaut ; mais tandis qu’ils livraient cet assaut,
les’ Khersonésiens, ayant pratiqué une issue dans les
fossés, en enlevèrent la terre que les assiégeants y jetaient
pour les combler, puis la portèrent et repoussèrent par la
ville; et plus les Russes en jetaient dans les fossés, plus
les assiégés en enlevaient.
« Mais pendant que Vladimir assiégeait Kherson et
pressait ses habitants, voilà qu’un certain Athanase projeta
sur le camp ennemi une flèche portant cet avis : « T u
« peux arrêter ou détourner le courant des sources qui
« sont derrière toi, vers l’est ; c’est de là que nous viennent
« les eaux de la ville. » A cette nouvelle , Vladimir éleva
les yeux au ciel et s’écria : « Si c’est v r a i, je promets de
« recevoir le baptême.
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c’est un modèle de l’antique style byzantin *
L’absyde semi-circulaire en marquait le choeur,
et des colonnes en beau marbre blanc cristallisé,
nuancé de bandes bleues , exprimaient dans le
vaisseau de l’édifice, les transepts et le dôme
qu’elles supportaient, comme dans l’église de
« Et de suite il donna l’ordre de boucher les conduits
et de détourner l’eau. Bientôt les assiégés, exténués et
mourant de soif, se rendirent, et Vladimir, avec les siens,
fit son entrée dans la ville.
« Vladimir demanda alors aux empereui’s Basile et
Constantin leur soeur Anne en mariage ; elle lui fut accordée
à condition qu’il se ferait baptiser : elle fut reçue au
port par les Khersonésiens, qui la menèrent au palais.
« Le baptême de Vladimir eut lieu dans l’église de la
Sainte Mère de Dieu à Kherson, située au milieu de la
ville, sur la place du marché. C’est là, près de l’église,
du côté de l’autel, qu’on voit encore aujourd’hui le palais
de Vladimir èt celui de la princesse.
« Incontinent après le baptême , l’évêque amena la
princesse pour l’autre cérémonie, celle des épousailles.
« Vladimir fit édifier une église dans Kherson, sur la
montagne faite avec la terre que les habitants avaient
amoncelée au sein de la ville durant le siège qu’il en fit,
laquelle église on peut encore voir de nos jours. »
Jusqu’ici Nestor Karamsin interprète le chroniqueur
à sa façon ; selon lu i, la terre enlevée était celle dont les
assiégeants se faisaient un rempart ou mur de circonvallation
et l’église où Vladimir fut baptisé, sur la place du
marché, était celle de St-Basile : j ’ai suivi le chroniqueur
plutôt que l’historien, excepté dans le plan où j ’ai laissé
Si- Basile pour Notre-Dame.