heureuse que les Bosporiens : opprimée par les
Tauro-Scythes, elle s’était vue obligée de se
mettre, avant même que Panticapée le fît, sous
la protection do Mithridate Eupator, qui rêva
alors le gigantesque projet de s’ouvrir, par la
Crimée et le midi de la Russie, un chemin jusque
chez les Romains. Il envoya au secours des
Chersonésiens une armée commandée par
Diophante, l’un de ses généraux.
Les Tauro—Scythes avaient alors pour roi
Skilouros, dont la résidence s’élevait près de
Simferopol, ou se voient aujourd’hui les ruines
de Kermentchik, sur un rocher isolé que baigne
le Salghir.
Attaqués par les. généraux de Mithridate,
Skilouros et ses fils, au nombre de 5o selon
Possidonius, et de 80 selon Apollonide, pour
défendre leurs vallées, s’étaient retranchés
dans les lieux fortifiés par les Taures au débouché
des vallées vers la steppe. La plupart de
ces forteresses étaient des villes cryptes :
Strabon dit aussi que Skilouros en fonda plusieurs,
parmi lesquelles il distingue surtout Pa-
lakium, nommée ainsi en l’honneur de l’aîné de
ses fils, Palacus, Chabus qui peut être Mangoup,
et Néapolis, que sa qualité de ville nçuvelle
pourrait bien faire supposer identique avec
Kermentchik, résidence de Skilouros.
Strabon fait entendre que les Tauro-Scythes,
vaincus par Mithridate, se soumirent à liii ët lui
payèrent tribut. Chaque année les habitants dë
la Chersonèse Taurique et ceux de la Sindique
d’Asie lui livraient 180,000 médimnes de blé, et
lui donnaient en outre 200 talents en argent, en
commun avec les Asiens qui entourent la Sindique
(1).
Tout ce que dit Strabon prouve que les anciens
nomades scythes s’étendaient confondus,
amalgamés avec les Taures, et en avaient pris
les moeurs et les habitudes.
Après Mithridate, la Chersonèse Taurique
passa au pouvoir des Romains, même la partie
montagneuse et la côte sur laquelle ils formèrent
des établissements, comme le prouvent les inscriptions
qu’on y a trouvées.
Mais tout changea vers l’an 62 de nôtre ère :
une tribu des Alains nomades vint ravager la
Chersonèse Taurique, attaquant même les Tauro
Scythes jusque dans leurs montagnes : ceux-
ci furent vaincus et les Alains, maîtres de la
côte , continuèrent à y mener leur vie vagabonde,
faisant des incursions chez leurs voisins,
pillant et détruisant les villes qui osaient leur
résister : on suppose que Theudosie fut ainsi
détruite par eux. Un peuple pareil, qui ne dépouilla
rien de ses moeurs aventureuses et
( 1 ) Strabo, ed. Bas. i 543, lib . V I I , p . 3cm .