cette époque, on confondait encore souvent les
tribus des A s , des Alains, des Tcherfcesses,
toutes venant du même versant du Caucase , et
qui vivaient à peu près confondues.
La puissance des Génois éclipsa le rôle des
autres nations de la Crimée : cependant, de
leur temps, la Gothie était encore une des
divisions de la presqu’île, qui embrassait la
presque totalité de la partie montagneuse (1),
tandis que les Génois conservaient à la steppe et
viros notans, est arx minutissima, in vieta, in monte, quem
ascendere nemo potest Incolit eam ilia natio, quæ ol
As appella tur. Abilfedæ opus geographicum |j Büsching’s
Magazin, V , 364«
(1) Dans le traité de paix conclu «uà; Trois Fontaines de
Kafa, le 28 nov. i 38o, entre le khan du Kaptchak et les
Génois, il est dit : « La Gotia con li sui casai et con li soi
povoli, li quali son Christiani, ,dalo Cembaro (Balaklava)
fino in Sodata sea dello grande comun et seon franchi.»
V. Hammer, Schwarzes Meer, p. i 3 et i 4 , et le comte L.
Sernston, Ale motta sulle colonie del ATar Fiero nei secoli
dimezzo accompagnata da carte geografiche. Nous venons
de voir ce que Josefo Barbaro dit de la position de la
Got/ua ; il y mentionne Saldadia ( Soudak ) , Grasui
(Yoursouf), C un baio (Balaklava), Sarsono (Chersob), C alamita
, puis il cite les deux chateaux-forts de Solgati ou
Chirmia (Eski-krim) et de Cherchiarde (Tchoufoutkalé).
Il paraît que toutes ces villes dépendaient des Génois.
Barbaro ne cite pas Mangoup quoique considérable,
parce que cette ville n’a jamais été sous la puissance des
Génois.
à la presqu’île de Kertche, le nom de Gazarie,
seul souvenir de la domination des Khazares (de
679 à 882), alors entièrement détruits (1).
Les Génois, par leurs traités et par leurs conquêtes,
avaient pu conserver un dernier souffle
de vie à cette antique Gothie, qu’ils se partageaient
avec les ducs de Mangoup. Leur chute
entraîna celle de la Gothie. Kafa fut pris le 6
juin i 475, par l’armée de Mahomet II ; Soudak,
Balaklava, Théodori (Inkerman) peu après (encore
en i 4?3) eurent le même sort, et bientôt
après Mangoup fut aussi entraîné dans leur
chute. Les Turcs s’étant rendu les Tatares tributaires,
firent, pour compléter la conquête delà
Grimée, le siège de Mangoup. Mahomet II fit
périr par l’épée les ducs de Mangoup, deux
frères, restes uniques de la nation et de la langue
gothe, et s’empara du château (2). Dès-lors,
il n’a plus jamais été question au milieu des Ta-
(1) Il existait à Kafa un emploi particulier, qu’on appelait
ojficio délia Gazaria.
(2) Mathieu de Miéchow, contemporain de l’événement,
1. c. ch. IX, rapporte ainsi le fait. Martin Brono-
vius, qui éci’ivait cent ans plus tard , diffère en racontant,
d’après un prêtre grec qu’il a consulté, à Mangoup, que
les deux ducs, l’un oncle , l’autre neveu, étaient vraisemblablement
du. sang des empereurs de Constantinople ou
de Trébizonde. Selon lui, ils furent conduits à Constantinople,
où le cruel Sélim les fit mourir. Ici l’erreur est