ouvriers occupés à charger de grandes pierres
pour la jetée de Yalta; ma curiosité excitée,
j ’examinai, entre le chemin et la mer, plusieurs
débris de collines, composés de calcaire fragmenté
qui présentait le fond d’une chaudière
ouverte du côté de la mer. Alors je m’aperçus
qu’on exploitait ainsi les restes d’une forte muraille
cyclopéenne qui bordait la colline le long
du chemin. Le point le plus élevé était occupé
par un édifice carré, de même style. Je ne sais
quel usage assigner à ces constructions; M. de
Koeppen dit que les Tatares les connaissent sous
le nom de Palèkoure (1), supposant que c’était
jadis un monastère. Quoi qu’il en soit, je trouvai
la position si admirable, que j’ai aussitôt saisi
mon crayon et mon papier, et il en est résulté
le dessin que j’ai publié IIe série, planche 52.
L’on ne voit, il est vrai, que quelques toits de
Yalta et la courbure de la rade; mais de nulle
part l’on ne distingue mieux le partage des deux
grandes vallées qui viennent s’ouvrir sur le rivage
bordé de belles plantations de lin. Un grand
promontoire qui part de la pointe de Yaprakhl
sert de mitoyen, et son pied nu vient mourir au
village de Dérékoi caché par les arbres. Les
grandes assises du calcaire se dessinent parfaite-
(1) rIzXvubç, à, vieux, ancien, Kovpr, pour xopnj, vierge,
fille.
ment sur ses pentes, malgré la végétation des
charmes, des hêtres et des pins tauriques qui
montent le plus. Cette sommité ne dépasse guère
4 000 pieds
L ’embranchement le plus éloigné est celui
qui renferme le village et les vergers iïAoutka,
dont il prend le nom. Le mont Mégabi dont je
parlerai bientôt, le domine, à l’ouest, de sa cime
conique, et sur la côte qui borde le rivage, l’on
voit serpenter la nouvelle chaussée que bordent
d’abord les vignobles de Livadia, puis, plus
loin paraissent les jardins d\Orianda, et dans le
lointain le cap A'ithodor. Il est bon de regarder
sa carte avant de continuer son voyage.
L’embranchement de droite, celui sur lequel
plane la vue, est celui à'A'ivassile, dont on voit
le village adossé au pied de la montagne de La-
pata. A juger d’après ces pentes si sauvages et si
escarpées, l’on ne dirait pas que par-là s’élève
une des principales routes de communication de
la côte avec Baktchisaraï. J’ai voulu faire cette
excursion pénible, et je ne m’en suis point repenti
: la traversée est de i 5 verst d’Aïvassilé
au Grand-Ouzenbache. D’abord, avant d’arriver
au village d’Aïvassile, je remontai la vallée le
long du ruisseau; il n’y a pas de parc anglais
qui puisse offrir autant d’effets naturels, de
chutes d’eau et de plus beaux ombrages. A Aï-
vassile, les jardins sont mêlés de plaqueminiers,