ne désignent qu’une seule et même localité, et
si M. de Koeppen, ne sachant pas concilier tous
ces auteurs, a cru à deux forteresses différentes,
Tcherkess-kerman et Eski-kerman, cela vient
de l’erreur qu’il a commise dans sa carte, en
plaçant les ruines du château à l’ouest du village,
au lieu de les mettre à l’est, où elles sont, ce
qui explique tout.
Les remarques que l’inspection des cryptes de
Tcherkess-kerman ont inspirées à M. le général
Kozen , sont parfaitement les mêmes que celles
que j ’ai faites, à l’exception de l’idée si extraordinaire
par laquelle il attribue aux anciens
Troglodytes l’art de ramollir la pierre pour la
tailler. L ’expérience a suffisamment prouvé que
tout le secret consistait en ce que l’intérieur des
rochers de grès vert ou de calcaire à nummulites
est plus tendre que l’extérieur.
Àlbat, Fitzki ou Katchikalène, vallon de la Katche.
Après cette petite disgression qui m’a mené
jusqu’à Tcherkess-kerman, je reviens au pied
du rocher de Mangoup, pour poursuivre mon
voyage le long des hautes, formations crétacées
et les étudier.
De la cluse de Mangoup, je me rendis tou t
droit à AIbat, qui est à l’entrée de la cluse dé
Surene, sur le Bélbek. Lés rochers qui en
forment les parois sont aussi élevés et aussi
imposants que ceux que je viens de quitter,
et la vallée de Surène peut passer pour d’une
des plus pittoresques et des plus fertiles de la
Crimée.
Sur le sommet du rocher de gauche, mon
guide me montra la tour isolée, qu’il nomma
Koudlet-kalé. Sa position, d’accord avec le
paysage, rappelait les rochers sauvages de la
Suisse-saxonne que l’on voit couronnés d’une
ruine qui dépasse la cime des montagnes. Je
n’ai pas eu l’occasion de la visiter ; mais on en
trouvera une description très-exacte dans l’ouvrage
de M. Koeppen, sous l’article Tour de
Surene (1).
Le rocher qui fait face •* à la tourg.’de Surène
(1) P. de Koeppen, S bo rn ik , p. 291. S u r èn e (S c iiia r in
dans Busbeq) a été une des principales habitations des
Goths. La tour de Surène était le fort qui défendait la
cluse , et qui consistait, comme l’acropole de Mangoup et
comme Tcherkess-kerman, en un promontoire de rocher
fermé par une murailiïè longue de 455 pas, percée d’une
porté qui s’appuie contre une haute tour . Celle-ci a servi
de chapelle, à en juger par les peintures du Christ , de
saints et de la Vierge qui ornent les murailles, avec des
monogrammes en lettres grecques : on y entrait par un
escalier extérieur et par une porte pratiquée au second
étage; vis-à-vis de la porte étaient trois fenêtres qui regardaient
en dehors du fort. De là tour Fon pouvait Voir sur.
la mer.