jusque-là et qui se soit mêlée aux couches de tufs
volcaniques et de trass. Si le volcan était sous-
marin, la chose s’expliquerait facilement; mais
ce que je viens de dire prouverait qu’il a pu se
trouver sur une portion de la Crimée qui n’existe
plus aujourd’hui (1),
La série si variée des terrains tertiaires s’explique
en entier par ce volcan ; le banc de
marne blanche éclatante, formation des plus
uniformes et des plus constantes, en fut le premier
produit : à l’exception du petit banc
d’huîtres que j’ai mentionné au cap Parthénique,
la vie fut presque nulle dans la mer au fond de
laquelle se déposait la marne.
A l’uniformité succèdent tous les accidents
d’une cendre vomie et déposée dans une mer
agitée ; elle empâte des scories et d’autres fragments
lancés par le même agent.
L’éruption des cendres et scories a été aussi
brusque que formidable, et elle a commencé par
un bouleversement général sur terre et au fond
de la mer. Sur terre, des déluges d’eau ont entraîné
les coquillages terrestres et lacustres des
montagnes pour les déposer pêle-mêle avec les
(1) L ’idée de feux souterrains et de produits volcaniques
près du monastère St-George, a déjà été émise par
Hablitz, Descr. phys. de la contrée de la Tauride, p. 33
et suiv. et par Pallas, mais sans application directe.
mollusques que la mer rejetait de son sein, et
que les feux volcaniques brûlaient ou noircissaient,
en leur donnant la teinte des scories.
Partout ces dépôts de fossiles occupent la base
des dépôts de cendres et de scories, qui ne contiennent
ensuite aucune trace d’êtres organisés,
jusqu’aux tufs volcaniques qui décèlent par leur
composition un autre fait intéressant , qui ne
pouvait manquer d’accompagner le travail d’un
volcan , l’augmentation de la température de la
mer, qui a détruit le frais des coquillages, et a
donné aux tufs une composition oolithique.
Ce temps fut une époque de tourmente, et
l’étage du calcaire de la steppe; tout entier, n’est
aussi, aux environs de Sévastopol, qu’une formation
tufeuse et volcanique qui indique que le volcan
était toujours en travail.
Les pétrifications sont très-rares, ou si l’on
en trouve, elles sont presque méconnaissables ;
le test a disparu, et il ne reste qu’un noyau
informe. Le tuf jaune prend une texture oolithique,
ou il est feuilleté, ondulé, grenu; de
temps en temps la régularité disparaît entière-
ment j et l’on ne peut guère reconnaître un dépôt
purement neptunien dans une masse informe,
tufeuse, trouée, fendillée, alvéolique. Les scories
abondent dans ce tuf, principalement dans les
bancs inférieurs.
Telle est l’histoire géologique de laChersonèse,
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