turc ; mais outre que celui-ci est moins régulier,,
moins symétrique, plus capricieux, il n’est pas
croyable que ces conquérants qui avaient pris
Mangoup en i 475 , et qui l’abandonnèrent ensuite
à quelques soldats, se soient plu à ériger
des édifices pareils. D’ailleurs, le récit de Martin
Bronovius prouve le contraire. « Dix-huit
ans, d it-il, après après avoir été pris par les.
Turcs, commelerapportenlles Grecs Chrétiens,
Mangoup fut détruit presque de fond en comble
par un horrible et subit incendie. Il n’échappa
rien de remarquable que l’acropole (arx supe-
rior) dans laquelle s’élève une belle porte ornée
de marbre, avec des inscriptions grecques, et
une haute maison en pierre. C’est dans cette
maison que les khans, dans leur fureur barbare,
ont fait renfermer plusieurs fois les ambassadeurs
moscovites, et les y ont fait durement garder
(1). ï> On voit que cette porte et ce palais
(t) M. Bronovii, Tàrt. Descr., p.7. Ce dernier fait est parfaitement
vrai.En 1569,1m ambassassadeur russe, Athanase
Nagof, qui se trouvait avec sa suite à Kafa chez le pacha
Kasim, fut conduit par ordre du khan Dewlet-Ghérei à
Mangoup, où il fut mis sous la plus sévère surveillance,lui
et les siens. En 1672 , un favori de Ivan-le-Cruel, Bazile
(xriaznoï, fut fait prisonnier sur les bords de la Molotchna
par les Tatares de Crimée et renfermé à Mangoup : ses
plaintes amères n’abrégèrent point sa captivité; il ne fut
racheté qu’en Mais précédemment Ge même palais
remontent avant l’incendie, et par conséquent
avant la prise de possession des Turcs. C est un
souvenir des princes golhs de Mangoup, et l’on
s’expliquera le style arménien qui règne dans
cette construction, en se rappelant que dès le
milieu du quatorzième siècle, une foule d’Arméniens
avaient quitté leur patrie épouvantés par
le grand tremblement de terre d’Ani, et remplissaient
la Crimée de leurs colonies.
Le second étage du bâtiment n’avait que trois
fenêtres, ornées de filets et placées à égale distance
les unes des autres. Ceci rappelle la distribution
pyramidale des fenêtres dans les maisons
bourguignonnes delà Suisse Romande des
quatorzième, quinzième et seizième siècles. Une
galerie régnait le long de ce second étage; on voit
les trous des poutres dans la muraille : seulement
on a peine à se figurer où étaient les portes
d’entrée. Je les suppose sur le côté, là où le mur
est ruiné.
avait été le théâtre d’événements plus pacifiques. Isaïk,
prince de Mangoup, y reçut, en i 474 , -l’ambassade de
Jean III, Basilovitz, grand-duc de Russie, qui lui faisait
demander sa fille en mariage pour son fils Jean Ivanovitz.
L’année suivante un second ambassadeur vint pour s’informer
sous main de la dot que Isaïk voulait donner à sa
fille. Ceci se passa fort peu de temps avant la prise de
Mangoup par les Turcs, qui arriva peut-être déjà en 147^ •
Voyez plus haut.