Tant que la flotte est armée, elle reste dans la
G ra n d e -B a iequand elle est désarmée, elle
rentre dans la baie du Sud, embranchement de
la Grande-Baie, qui a i 5oo toises de long
et 2Q0 toises de large, plus ou moins. Les Ta-
tares la distinguaient par le nom de Kartaly-
Koche (baie du Vautour). Sa direction est du
nord au sud. Ce port intérieur est si bien abrité
par des collines escarpées qui l’encaissent, que
l’eau n’en est pas plus agitée que celle d’un
étang. Il est si profond que les plus grands vais^
seaux peuvent presque s’amarrer au rivage occidental.
Là, dans la partie reculée de la baie, sont les
tristes pontons, vieux vaisseaux de guerre hors
de service, dans lesquels on renferme la majeure
partie des forçats qui travaillent par milliers dans
les chantiers de la marine (1). Les inévitables et
continuelles allées et venues de ces bandes de
condamnés qui vont à leur travail ou qui en reviennent,
sont le fléau des habitants de Sévas-
topol, qui ne voient pas sans effroi l’accumulation
de tant de malfaiteurs et de brigands sur le même
point. Naturellement, il en échappe toujours
quelques-uns, qui s’en vont recommencer leur
( 1 ) E n i 834, pendant mon sé jour, il y avait i 5oo galériens
à la chaîne, sans compter les simples arreslants on
prisonniers.
premier métier jusqu’à Simferopol, et dans les
autres villes de la Crimée.
Comme ramification de la baie du Sud, s’ou-
vre au sud-est un petit bassin qui en est pour
ainsi dire Varrwre-port. Sa longueur totale est
de £ de verst. On l’appelle baie des Vaisseaux,
parce que l’on y faisait entrer une partie des
vaisseaux désarmés, qui y étaient en parfaite
sécurité. Quand il s’est agi de doter aussi Sé-
vastopol de docks pour le radoubage des vaisseaux,
on n’a pas trouvé de position plus heureuse
que le fond de cette petite baie dans
laquelle on a établi un bassin de 4oo pieds de
large sur 3oo pieds de long et 24 pieds de profondeur,
destiné à recevoir les vaisseaux qui
doivent être réparés. Cinq docks ou réservoirs
à écluses indépendantes l’une de l’autre, sont là
pour les contenir. Celui du fond est destiné aux
vaisseaux de guerre de 120 canons. Les deux
réservoirs qui le flanquent ensuite de droite et de
gauche, sont pour des vaisseaux de 80 canons ,
et les deux derniers à l’entrée du bassin, pour
des frégates de 60 canons : les trois écluses
principales auront 58 pieds de large.
Pour alimenter ces bassins on est allé chercher
l’eau à Tchorgouna dans la Tchornaia
Retchka (Bïouk-Ouzène), d’où on l’a amenée par
un canal jusqu’ic i, mais non sans des difficultés
qui auraient paru insurmontables àplus d’un gou-
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