remarquable : en effet, elle est nommée par le
géographe de Nubie Galita. Il ne restait de cette
époque ancienne, lors de mon séjour, que les
ruines informes de l’église et du monastère de
Saint-Jean, bâti sur une petite éminence au bord
de la mer.
En me rendant à Livadia (prairie), ancien village
grec, propriété de 209 dessétines, que le général
Iiévélioti a vendue au comte Léon Potocki*
j ’étais attendu par MM. Doring et Marko, qui
m’avaient promis de m’accompagner au château
d’Outcliansou. On a tout créé à Livadia , dont
les plantations nouvelles comptaient 22,000 ceps
de vigne-et 100 oliviers qui avaient résisté, sur
4oo qu’on avait plantés. Nous trouvâmes, au-
dessus de la nouvelle habitation, les traces de
l’ancien village qui s’étendent jusque dans la forêt
voisine. Une fort belle source jaillit près des
ruines d’une ancienne chapelle de Saint-Jean-
Baptiste. Nous traversâmes les enclos de plusieurs
anciens jardins abandonnés où je vis encore
un bel exemplaire du sorbier domestique
pomifère (Sorbus domestica pomifera) dont les
fruits, gros comme des petites pommes, sont
deux à deux et non par grappes.
Le sentier s’élevant sur les flancs du mont
Mégabi, serpente sur le schiste au milieu d’une
forêt de hêtres et de pins lauriques. Ces derniers
sont d’une belle dimension ; quelques-uns
sont couverts de lierre jusqu’à lêür sommet.
Non loin de la cime de la montagné nous trouvâmes
un petit étang au milieu des débris du
calcaire noir; la cime aussi n’est qu’un amas pareil
| ou si l’on veut une roche détruite.
Descendus ensuite dans la vallée, nous ne
sortîmes des bois que pour nous trouver en face
des deux gros rochers erratiques que j ’ai dessinés
IIe série, planche 53. Ils se sont détachés tous les
deux de la paroi voisine et ont roulé sur le schiste
du fond de la vallée où coule le ruisseau Aoutka
ou Krémasto-néro. On a bâti sur l’un un château,
l’une des ruines les mieux conservées de
la côte ; il fermait la vallée étroite d’Aoutka et
gardait l’un des chemins qui menait au Grand-
Ouzenbache.
Construit en pierres brutes et en chaux, il
n’avait pour entrée qu’une longue porte revêtue
en tuf. L ’intérieur est peu considérable et l’espace
qu’il embrasse n’a pas plus de 3o pas de long
sur i 5 de large. Les Tatares disent que les Turcs
en avaient fait une prison d’état ; c’était reléguer
ses gens au bout du monde ; car on ne peut s’imaginer
une contrée plus sauvage que celle qui
entoure le château.'-
Une paroi de rochers s’élève à une hauteur
considérable ; les couches entassées se lisent sur
la muraille à pic et présentent de puissantes
corniches et d’énormes balcons prêts à s’enfon-
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