Cyclopes , dePolyphème, sont des souvenirs de
cette race primitive.
Comme j’ai cherché à le démontrer, les
Grecs dans les temps les plus anciens se sont
trouvés en rapport direct avec le bassin de
la Mer Noire : tous leurs regards , toutes
leurs expéditions se tournèrent vers l’O-
rient. L’expédition de Phrixus et de Hellé, celle
des Argonautes, les longs errements d’Ulvsse
sur les côtes de la Colchide , de la Tauride et du
Bosphore Cimmérien, les Akhéens revenant de
Troie, que la tempête jette sur les côtes des
Tcherkesses, prouvent que le mythe d’ Iphigé-
nie et d’Oreste n’est point un fait isolé, mais
qu’il se rattache à des données historiques et à de
fréquentes communications entre les aventuriers
grecs et les pirates taures. On ne saurait se
l’expliquer autrement. D’ailleurs il est trop détaillé
, il a l’air trop authentique pour que ce soit
un simple mythe.
Que ce soit faux ou que ce soit vrai, Iphigénie,
fille d’Agamemnon, va être sacrifiée à Diane Or-
thia, pour obtenir de la déesse le vent qui doit
faire sortir la flotte de Grecs du port d’Aulide.
Le sort était tombé sur la fille du premier des
Skeptoukhes. Le grand-prêtre Calchas aurait
bien désiré accomplir son sanglant sacrifice;
mais effrayé par les murmures de l’armée, il se
rendit aux menaces en interprétant d’une manière
plus humaine les ordres sacrés, ou Aga-
memnon parvint-il à lui enlever sa proie en l’expédiant
sur un vaisseau pour la cacher dans une
région lointaine, c’est ce qu’il sera difficile de
décider au milieu des divergences des anciens
auteurs. Cependant cette dermere interprétation
offre plus de vraisemblance que la première.
Iphigénie arriva en Tauride , et malgré Fana-
theme qui reposait sur les étrangers, elle fut
reçue pretresse dans un temple de la divinité
vierge des Taures, se vengeant sur tous les
Grecs de l’affreux martyre dont on l’avait menacée.
Mais quinze ans environ plus tard, Oreste
qui vient de tuer sa mère adultère et Egisthe,
le meurtrier de son père, obéissant à la loi du
sang, est tourmenté par les furies, et n’obtient
pas d’autre oracle pour se purifier de son crime
que d’aller enlever chez les Taures la statue de
leur déesse. L ’on sait que débarqué avec P y -
lade, ils furent saisis l’un et l’autre par l’ordre
deThoas, le roi des Taures, et que l’un d’eux
devait efre sacrifié. Personne n’ignore le combat
de générosité qui s’éleva entre ces deux
amis, la reconnaissance étrange qui eut lieu
entre Iphigénie et son frère, au moment où
elle allait exécuter le sacrifice. Les liens du sang
ne sont pas étouffés, et Iphigénie prête son secours
a Oreste pour enlever la statue que l’on
VI. 2