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phyres. Du point le plus élevéTdu col, qui a
718 pieds de hauteur, la vue est magnifique
et s’étend sur tout le golfe de verdure de la
vallée d’Oursouf, renfermée entre l’Aïoudagh et
le cap Nikita. C’est un des plus beaux paysages
de la Crimée. Il semble qu’on va toucher de la
main les flancs de l’Aïoudagh, dont les masses
ophitiques se détachent par grandes plaques
dressées sur leur tête; de nombreux fragments
jonchent le sol et forment une ceinture aride
autour de la montagne. De toute part le schiste
qui paraît à peu de distance de l’Aïoudagh, se
cintre, se redresse comme si le dôme igné en
perçant cette croûte noire l’avait entraîné, re poussé
dans son mouvement d’ascension.
Du col de l’Aïoudagh, la même route descend
jusqu’au rivage de la mer, en traversant les domaines
d’Artèk, dont celui qu’on laisse à gauche
au pied de la montagne, a appartenu à M. Gustave
Olizar, qui lui a donné le nom de Kardia-
trikon (consolation du coeur). Depuis peu d’années,
il l’a cédé au colonel Potemkin, qui a de
beaucoup augmenté les embellissements et les
cultures dont le domaine était susceptible. Il en
est peu sur la côte qui puisse rivaliser pour la
richesse et le pittoresque de l’exposition, la largeur
du paysage, la qualité du sol. Les personnes
qui pourront obtenir la faveur de visiter Kar-
diatrikon feront bien d’en profiter, et d’aller
jouir de la vue que 1 on a du haut des teilasses
sur lesquelles s’élèvent les maisons d’habitation
et d’économie : puis descendan t de là par un
sentier charmant, ménagé dans les vignes, et
parmi les plantations de tout genre d’un petit
parc ou l’on retrouve les plantes et les arbres
des pays chauds, elles rejoindront la route sur
le riva°e de la mer. Au-dessus des habitations
de Kardiatrikon, au pied de la montagne, il est
facile de retrouver les traces des plus anciennes
habitations, mêlées de tuiles et de briques, au
milieu desquelles on a découvert une petite
inscription en grec moderne (1).
En suivant le rivage bordé àüAgnus Castus
( Uzéen-Agatche en tatare), qui aiment la fraîcheur
des ruisseaux qui viennent ici se perdre
dans les flots de la mer, on laisse à gauche plusieurs
nouvelles campagnes dont la plus considérable
, comprenant un mas de 80 dessétines de
terrain presque entièrement cultivable, appartenait
à M. Darius Poniatovski ; ce domaine (2)
auquel on travaillait, était susceptible de devenir
très-productif, et l’on pouvait y créer des établissements
dignes d’envie, tant pour la vue que
pour l’agrément de la position et des jardins.
( t) P. de Koeppen, Krimsk¿¿-Sbornik, p. 172.
(2) Il est marqué sur la carte de M. de Koeppen sous le
nom de Khanimi.