r a -B ik e z , morte vers l’an 1178 de l’Hégire
(1764de J.-C.). Ce qui a pu exciter ainsi l’intérêt
général, c’est qu’elle était chrétienne, et, malgré
cela, adorée de Krim-Ghéreï, l’un des meilleurs
khans qui aient gouverné la Crimée : il monta
sur le trône en 1758, et mourut empoisonné en
1769 (1).
Deux jeunes Polonaises m’accompagnaient
lorsque je visitai pour la première fois ce tombeau
aux derniers reflets du crépuscule : leur
émotion était sans mélange, car elles avaient foi
dans la tradition ; et qui, n’aurait été ému à la
pensée d’une jeune compatriote, belle, riche,
enlevée par les ennemis du nom chrétien, livrée
au vainqueur qui, à force de soins et de tendresse,
veut lui faire oublier sa patrie ? Mais une
Polonaise roubliera-t-elle renfermée dans un
harem? Toujours Marie versa des larmes, jusqu’au
jour 6ù elle retrouva le repos. La »légende
est charmante. Je voudrais qu’elle fût vraie.
Les khans de Crimée n’ont leur sépulture
dans le cimetière du palais que depuis sa fondation
par Mengli-Ghéreï vers l’an 1480. Les
(.i). Lesfflates que donne Pallas, II, 58i , sont erronées
de toutes Manières : je les ai rétablies d’après ses propres
indications : il dit que Diiara Bikez «st morte cinq ans
avant ivrim-Gtaéreï : si celui-ci a été empoisonné en 1769,
il s’en suit que Dilara a expiré en 11764 environ.
anciens khans, qui avaient leur résidence très-
probablement à Kirkor (Tchoufout-Kaic), ont
leurs tombeaux à l’entrée du vallon vers la
steppe, autour du petit hameau d’Eski-Yourt.
Quelques-uns sont remarquables par leur air
antique : tel est celui que j’ai dessiné IVe série,
pl. 29, fig, 2. Le bâtiment, de Carré qu’il était
par sa base, devient octogone par son sommet,
les quatre angles de l’édifice se changeant en
autant de contre-forts. La voûte, au lieu de
former une coupole unie ou régulière, est composée
de huit compartiments triangulaires qui se
réunissent à leur sommet, comme dans la coupe
d’un bonnet grec. Sous le sol se trouve un caveau
où l’on déposait les cercueils. On y arrivait
par une petite porte basse, précédée d’un portique,
dont les côtés étaient travaillés en niches,
comme les maharabs d’une mosquée.
L’inscaâption placée sur lu porte, entre deux
rosaces, est en lettres encore plus enchevêtrées
que celles du tombeau de Marie Potôcka. Personne
n’a pu m’en donner la traduction : néanmoins
elle doit être intéressante , et je ne désespère
pas ¡que quelqu’un ne la déchiffre un
jour (1).
Deux autres ruines, rapprochées de ce monu-
(ü) IV* série, pl. 29 b.