Inkerman. — Eglise crypte.— Château de Kténos (Eupatorion,
Théodori). — Yille crypte.
En continuant jna roule vers Inkerman, mon
Strabon me rappelle ici que je marche sur un sol
historique. Les Ghersonésiens , menacés par
Skilouros, roi des Tauro-Scylhes, s’étaient mis
sous la protection de Mithridale Eupator, qui
envoya à leur secours une armée commandée
par Diophante, l’un de ses généraux. Les Tauro-
Scylhes cernaient la Chersonèse Héracléotique
par leurs places fortes qui se prolongeaient le
long des crêtes crétacéesT jusqu’au-delà de
Kermantehik (Simféropol) qui était leur capitale.
Diophante, maître de la steppe, pour résister
aux Taures et se conserver une sortie franche et
libre de la Chersonèse, eut l’idée de fortifier un
haut promontoire qu’on voit dominer le fond de
la baie de Sévastopol, celui auquel on donne
aujourd’hui le nom d''Inkerman, et que les
Taures avaient déjà percé de cryptes. Il fit
construire sur la plate-forme du rocher un
château qu’il nomma Eupatorion, selon Strabon
(1).
(1) Les difficultés que présentaient le texte de Strabon,
et une assertion erronée de Ptolome'e, ont fait croire aux
La baie de Sévastopol (le port de Kténos de
Strabon) s’avancait alors davantage dans les
terres , quoique à cette époque il y eût déjà un
marais d’eau de mer où l’on faisait du sel
(/£p/O0aAaTTOc).
Afin d’ouvrir une communication directe par
terre , entre le nouveau château et la ville de
Cherson, Diophante fit jeter une digue à travers
l’extrémité de la baie, c’est-à-dire, selon les
expressions de Strabon, qu’ils comblèrent la
tête du golfe, en y établissant une chaussée
commode jusqu’au rocher qui dépend de la
Chersonèse; elle facilitait les moyens de repousser
les attaques des Tauro-Scythes.
Mais ceux-ci s’étant rendus maîtres de la grande
muraille qui fermait la Chersonèse, de Balaklava
à la pointe de Kténos, remplirent de roseaux,
pendant le jour, le bas-fond ou fossé qui les
séparait de la chaussée, se faisant ainsi un pont
pour y arriver. Les soldats de Mithridate y mirent
le feu pendant la nuit et se défendirent
ainsi, jusqu’au moment où les armes de leur
roi l’emportèrent sur Skilouros et les Tauro-
Scythes.
Russes qu’Eupatorion était à la place qu’occupe aujourd’hui
Kozlof, et ils lui ont restitué le nom d’Eupatorie ;
mais c’est à tort. Comp. Murawiew-Apostol, Rcisc dure h
Taurien, p. 64.