cette presqu’île, ont pu être habités par des pêcheurs
aussi bien que par des vignerons ; car la
pêche est abondante le long de ces rivages, et
les bateaux trouvent partout des asiles dans
les petites déchirures de la baie, dont l’onde
est si tranquille, que c’est à peine si elle se meut
dans ces profondes ramifications, lorsque la
tempête règne partout ailleurs.
Je soupçonne l’un des trois grands bâtiments,
celui qui domine une pointe avancée de la
baie des Tirailleurs, d’avoir été un temple.
Tout l’édifice est en grandes pierres de taille,
sur plusieurs rangs : l’ouverture regardait la
mer. Il rappelle par son isolement et par sa position
sur la pointe élevée du cap, les temples
de l’antiquité; et les chapelles du moyen-âge,
qu’on exposait ainsi aux regards des marins fatigués
d’un long voyage, ou prêts à recommencer
une longue course. Les alentours du bâtiment
n’offrent aucune trace de culture.
Les deux autres édifices étaient des maisons
de campagne. Le général Satz a fondé au milieu
de ces ruines un grand vignoble, et d’autres
exploitations rurales.
Au milieu de ces terrains à vignes, j ’avoue
qu’il m’a été impossible de m’expliquer quelle
pouvait être la Culture propre à une certaine
préparation du sol que j’ai remarquée. On observe
sur une assez vaste étendue de terrain
une infinité de petits murs réguliers, parallèles,
distants de 8 à 9 pieds l’un de l’autre, quelquefois
davantage. Ces petits murs ne sortent pas
de terre de plus d’un pied ; le sol qui est entre
eux est bien déblayé.
Serait-cé des jardins potagers à l’ancienne
manière du pays, et à la façon actuelle des
Grecs et des Tartares qui, pour conserver l’humidité
plus longtemps dans le sol, et mettre
les plantes à l’abri du soleil, creusent les carrés
de leurs jardins, au lieu de les élever au-dessus
des sentiers comme nous le faisons dans les pays
tempérés où l’on craint plus l’humidité que la
chaleur. Cette méthode de culture se retrouve
dans tous les pays chauds de l’Orient, en Arménie,
etc.; elle est très-favorable aux irrigations.
Ces vastes plantations problématiques s’étendent
au loin, le long de la falaise qui regarde
la pleineJmer (1).
Enfin le chemin aborde l’extrémité de la baie
des Sables. En descendant, je ne pouvais me
lasser d’admirer l’effet pittoresque de cet ensemble
de baies sinueuses, qui, privées des arbres
fruitiers et des hameaux qui faisaient leur pa-
( i) Pallas parle de ces murs parallèles, II, 73, sans en
donner d’explication. Voyez aussi Atlas, IVe série,
p l . 26 b.